- lèse
- (lè-z') adj. f. qui ne s'emploie que joint à un substantif placé après, et signifie blessé, violé.Crime de lèse-majesté, crime par lequel la majesté est violée. Crime de lèse-majesté humaine, de lèse-majesté divine.• C'est par son esprit [de l'Église] que les rois chrétiens ne se font pas justice dans les crimes mêmes de lèse-majesté au premier chef, et qu'ils remettent les criminels entre les mains des juges, PASC. Prov. XIV.Par extension.• La brigue est un crime de lèse-république, LE P. CATROU dans DESFONTAINES.• C'eût été un crime de lèse-catholicité, J. J ROUSS. Confess. II.• L'homme de bien qui se tue, commet le crime de lèse-societé, et j'arrêterai sa main si je puis, DIDER. Claude et Nér. II, 28.• Ne se sent-il pas un peu coupable du crime de lèse-amitié, d'avoir manqué... ?, GALIANI Lettres, t. I, p. 152.Familièrement.• Un crime de lèse-faculté, qui ne se peut assez punir, MOL. Mal. im. III, 6.• C'était un crime de lèse-galanterie française de combattre contre l'héroïne de nos jours, VOLT. Lett. à Cath. 26.XVe s.• Jacques Coeur fust pris et arresté prisonnier pour aucuns cas touchant la foi catholique et aussi pour certain crime de leze-majesté, J. CHARTIER Hist. du roi Charles VII, p. 259.XVIe s.• Chez nous icy, j'ay veu telle chose qui nous estoit capitale devenir legitime ; et nous sommes à mesme, selon l'incertitude de la fortune guerriere, d'estre un jour criminels de leze majesté humaine et divine, MONT. II, 343.Provenç. lez ; esp. et ital. leso ; du lat. laesus, blessé, de laedere. C'est un latinisme emprunté surtout aux jurisconsultes ; laesa majestas, laesum jus ; mais ce n'est point le verbe léser employé à la troisième personne, comme le verbe l'est dans pince-maille, grippe-sou, etc. ; d'ailleurs léser est plus récent que lèse.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.