- loup-garou
- (lou-ga-rou) s. m.1° Homme qui, au dire des gens superstitieux, erre la nuit transformé en loup.• Faire en dépit du loup-garou Trois tours à l'entour des murailles, SCARR. Virg. 1.• Car enfin il en est qui, pendant tout un mois, Comme des loups-garous ne dorment qu'une fois ; Leur curieuse humeur toujours les inquiète, TH. CORN. le Feint astrologue, I, 2.• Les enfants croyaient au loup-garou, et les pères au cordon de Saint-François, VOLT. Polit. et législ. Sur la tolérance, S'il est utile d'entret. le peuple dans la superst..Fig. Guéri du loup-garou, guéri des crédulités superstitieuses.• Peut-être tous trois [Naudé, Gassendi et Gui Patin], guéris du loup-garou, et délivrés du mal des scrupules, nous irons jusque fort près du sanctuaire [dans nos conversations intimes], GUI PATIN Lett. t. II, p. 508.2° Fig. et familièrement. Homme qui est insociable et vit isolé.• Vous, si vous connaissez des maris loups-garous, Envoyez-les au moins à l'école chez nous, MOL. Éc. des mar. III, 10.• J'ai passé tous ces jours-ci comme un loup-garou, SÉV. 16.• Je ne prends pas pour vertu Les noirs accès de tristesse D'un loup-garou revêtu Des habits de la sagesse, J. B. ROUSS. Odes, II, 2.• Mon humeur devint taciturne, je vivais en vrai loup-garou, J. J. ROUSS. Conf. I.3° Adjectivement.• Il a le repart brusque et l'accueil loup-garou, MOL. Éc. des mar. I, 6.4° Jeu d'enfant, petit bâton plat, à crans, au bout d'une ficelle, que l'on agite circulairement assez vite pour qu'il produise le son hou, hou prolongé.Au plur. Des loups-garous.XIIIe s.• Bisclaveret ad nun en bretan, Garwall l'apelent li Norman, Jadis le poeit hum oïr, E souvent suleit avenir ; Humes plusurs garwall devindrent, E es boscages meisuns tindrent ; Garwall si est beste salvage, Tant cum il est en bele rage, Humes devure [dévore], grant mal fait, Es granz forests converse e vait, MARIE Bisclaveret..• Onques lions ne leus warous Ne fist si grant essil de proie, Robert le diable.• Ores à leu garoul peuture [pâture] Est li miens enfes...., Guill. de Palerme.• [Amadas devenu furieux] Comme garous jete la main, Si l'aert [la saisit] à la cote au sein, Encontre val tout la descire, Amadas et Ydoine.XVIe s.• Loup-garou, maladie ainsi appellée, pour ce que les malades vont de nuit, et hurlent comme chiens et loups, PARÉ Introd. 21.• Timon, celuy qui fut surnommé misantrope, comme qui diroit loup-garou ou haïssant les hommes, AMYOT Alc. 29.Wallon, leu-warou, lèwarou ; Hainaut, leu warou ; Berry, loup berou, loup brou ; picard, leuwarou ; norm. varou, loup garou, varouage, course pendant la nuit (garouage se dit avec le même sens parmi les paysans des environs de Paris) ; bourguig. leu-voirou ; bas-lat. gerulphus, loup-garou. Gerulphus a donné garwall, garou ; c'est donc gerulphus qu'il faut étudier ; il représente l'anglo-saxon vere wolf ; danois, var-ulv ; suédois, var-ulf, qui, étant composé de ver, vair, homme, et de wolf, ulf, loup, signifie homme-loup. La locution loup-garou est donc un pléonasme où loup se trouve deux fois, l'un sous la forme française, l'autre sous la forme germanique. Verewolf est, on le voit, un composé semblable au grec. Au germanique ver, comparez vir, le grec, en sanscrit vira ( i long), homme fort, et, <
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.