- loin
- (loin ; l'n ne se lie pas ; la nuit est loin encore ; cependant quelques-uns disent loin-n'encore ; au XVIIe siècle, Dangeau, Gramm. p. 10, dit que c'était une prononciation normande) adv.1° À une grande distance dans l'espace.• Pourquoi tenter si loin des courses inutiles ?, RAC. Mithr. III, 1.• Ceux qui ont le temps d'aller vivre tous les jours très loin de chez eux et qui n'ont pas le temps pendant six mois d'écrire une seule lettre à leurs amis, VOLT. Lett. Damilaville, 30 mars 1764.• Je m'en irai si loin que je n'entendrai parler ni d'eux ni de vous, DIDER. Père de famille, V, 9.À une lieue loin, à cent lieues loin, à la distance d'une lieue, de cent lieues.• C'est une belle conversation que celle que l'on fait de deux cents lieues loin, SÉV. 1er janv. 1676.• J'admire, ma fille, que deux cents lieues loin c'est vous qui me gouvernez, SÉV. 2 août 1689.• On fait toujours mal ses affaires de cent trente lieues loin, VOLT. Lett. d'Alembert, 1er fév. 1773.Fig.• Elle [la Champmeslé] surpasse la Desoillets [autre actrice] de cent lieues loin ; et moi, qu'on croit assez bonne pour le théâtre, je ne suis pas digne d'allumer les chandelles quand elle paraît, SÉV. 15 janv. 1672.Il est bien loin s'il court toujours, se dit de quelqu'un qui vient de s'en aller et qu'on demande.Familièrement. Il ne voit pas plus loin que le bout de son nez, il a la vue courte ; et fig. il n'a pas de pénétration, de prévoyance.Voir loin, avoir la vue longue.Fig. Voir loin, percer l'avenir, pénétrer les mystères.• J'ai d'autres yeux, Absyrte, et vois un peu plus loin, CORN. Tois. d'or, I, 2.• Mais regardez plus loin : songez en ce malheur Quelle gloire va suivre un moment de douleur, RAC. Bérén. IV, 6.• Mais moi qui vois plus loin, qui par un long usage Des maximes du trône ai fait l'apprentissage, RAC. Baj. IV, 7.Fig. Aller loin, faire fortune, s'élever à de hauts emplois.• Ce garçon-là ira loin, P. L. COUR. Lett. I, 136.On dit de même : Cet emploi peut le mener loin.• Sa valeur doit le mener loin, LAMOTTE Calendr. des vieill. sc. 10.Dans un sens analogue.• Il aspirait plus loin [il avait de plus grands desseins] qu'à la main de Junie, RAC. Brit V, 6.Fig. Aller loin, faire des progrès.• Nous allons plus loin que les autres peuples en plus d'un genre ; et c'est peut-être parce que nous sommes venus les derniers, VOLT. Moeurs, 6.Aller loin, pénétrer avant, faire effet.• Le hasard va plus loin souvent que la prudence, VOLT. Mérope, IV, 1.Aller loin, être poussé à un plus grand effet.• Amant avec transport, mais jaloux sans retour, Sa haine va toujours plus loin que son amour, RAC. Mithr. I, 5.Aller plus loin, se porter à un plus grand excès.• Les sociniens ont été plus loin que les luthériens, BOSSUET Reine d'Anglet..Aller plus loin, faire plus de progrès.• Comme les vieux philosophes grecs qui voyaient avec plaisir s'élever des jeunes gens qui devaient aller plus loin qu'eux, VOLT. Lett. de la Touraille, 12 mai 1766.Aller trop loin, exagérer.• Si on ajoute que la fortune y est indifférente, c'est aller trop loin, VAUVENARGUES. Du bonh..Aller trop loin, se dit aussi d'actions, de paroles qui dépassent la mesure.N'allez pas plus loin, formule de politesse qui se dit pour empêcher quelqu'un de nous reconduire plus qu'il n'a déjà fait.• Laissez, ma bru, laissez ; ne venez pas plus loin ; Ce sont toutes façons dont je n'ai pas besoin, MOL. Tart. I, 1.Fig. N'aller pas plus loin, s'en tenir à ce qui a été dit ou fait.• Je reconnais ce soin, Et ne souhaite pas que vous alliez plus loin, RAC. Brit. IV, 4.Fig. Mener loin, précipiter dans des affaires fâcheuses.• On peut vous mener loin avec de pareils gages, MOL. Tart. V, 1.Fig. Pousser loin, entraîner à des actions qui causent plus tard des regrets.• Le regret d'avoir été poussé si loin par ses malheurs, BOSSUET Louis de Bourbon..Il ne le portera pas loin, c'est-à-dire il sera bientôt puni, ou bien, s'il s'agit d'une offense, vengeance ne tardera pas à en être prise.Fig. Renvoyer bien loin quelqu'un, quelque chose, repousser fortement, vivement des propositions, des ouvertures.• Je vous mandais que.... mais vous me renvoyâtes bien loin, et vous me dites que c'était lui souhaiter le pis qui pût lui arriver, SÉV. 30 oct. 1689.Fig. Ce principe s'étend plus loin qu'il ne le semble.• Je ne vais guère loin chercher dans mon coeur pour y trouver de la douceur pour vous, SÉV. à Bussy, 16 avril 1670.• Vous seule pouvez faire la joie et la douleur de ma vie ; je ne connais que vous, et hors de vous tout est loin de moi, SÉV. 18 mars 1671.• Quel général porta plus loin la prévoyance ?, BOSSUET Louis de Bourbon..• Il n'y a pas loin entre la vertu qui se repose et la vertu qui s'égare, MASS. Avent. Concep..• Il n'y a jamais loin entre l'affaiblissement et la chute, MASS. Carême, Mélange..• Il y a moins loin d'un homme à un homme, à Londres qu'à Vienne, VOLT. Dict. phil. Boire à la santé..• Les Tartares-Mantchoux sont incontestablement les ancêtres des Péruviens ; car Mango-Capak est le premier inca du Pérou ; Mango ressemble à Manco, Manco à Mancu, Mancu à Mantchu, et de là à Mantchou il n'y a pas loin, VOLT. ib. Population..Fig. Porter loin, pousser loin la haine, la vengeance, se venger avec âpreté, sans merci.2° À une grande distance dans le temps. Ce retard nous remet bien loin.• Ce jour est encor loin, CORN. Nicom. III, 2.• Sans reculer plus loin l'effet de ma parole, Je vous rends dans trois mois au pied du Capitole, RAC. Mithr. III, 1.• Elle [une jeune dame] allait triomphante de je ne sais combien de libertés, sans intéresser la sienne ; son heure n'était pas encore venue, mais elle n'était pas si loin, HAMILT. Gramm. 9.Ce malade n'ira pas loin, il mourra bientôt.Fig. Avec la dépense qu'il fait, cet homme n'ira pas loin, il sera bientôt ruiné.3° Non loin de, à une petite distance.• Ils [les chevaux d'Hippolyte] s'arrêtent non loin de ces tombeaux antiques...., RAC. Phèdre, V, 6.• Trajan, non loin du Gange, enchaîna trente rois ; à peine a-t-il un nom fameux par la victoire, VOLT. Épître XLIX..• Les deux armées se rencontrèrent dans le golfe de Lépante, l'ancien Naupactus, non loin de Corinthe, VOLT. Moeurs, 160.4° De loin, loc. adv. D'une grande distance dans l'espace.• Je vois de loin, j'atteins de même, LA FONT. Fabl. IV, 19.• J'en sais beaucoup de par le monde à qui ceci conviendrait bien : De loin, c'est quelque chose ; et de près, ce n'est rien, LA FONT. ib. IV, 10.• L'horreur de l'hiver à la campagne n'est que de loin ; de près ce n'est plus de même, SÉV. 12 oct. 1689.• Louis, qui entend de si loin les gémissements des chrétiens affligés, BOSSUET Reine d'Anglet..• Il est bien difficile de juger et de conduire de si loin, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 2 fév. 1703.• Allons ; et de si loin évitons la cruelle, Que de longtemps, Arsace, on ne nous parle d'elle, RAC. Bérén. III, 4.• Leur gloire de si loin n'éblouit pas mes yeux, RAC. Mithr. IV, 4.• Il faut servir les Français de loin, et malgré eux ; c'est le peuple d'Athènes, VOLT. Lett. Mme d'Argental, 14 mars 1752.• Que je puisse de loin l'entrevoir seulement !, BRIFFAULT Ninus II, I, 5.Fig.• Quoi ! vous à qui Néron doit le jour qu'il respire, Qui l'avez appelé de si loin à l'empire ?, RAC. Brit. I, 1.Je vous vois venir de loin, c'est-à-dire je me doute de ce que vous allez dire, faire.Revenir de loin, de bien loin, réchapper d'une maladie très grave, ou de quelque grand danger, ou de quelque ancienne habitude.• L'âme, délivrée de la captivité des sens.... est enfin revenue à elle-même ; elle est revenue de bien loin...., BOSSUET la Vallière..• Voyez [à l'approche de la mort] cette bouche ouverte, ce visage allongé, cette respiration entrecoupée, ce jugement offusqué qui revient par certains moments comme de fort loin, BOSSUET Pensées chrét. et mor. 38.• Qu'il aurait fallu s'y prendre plus tôt, qu'on ne revient pas de si loin...., MASS. Carême, Lazare..La jeunesse revient de bien loin, se dit d'un jeune homme malade et duquel on ne désespère pas tout à fait.• Cela fait voir que la sagesse revient de loin comme la jeunesse, SÉV. 5 nov. 1676.Fig. et familièrement. Ne connaître quelqu'un ni de près, ni de loin, ne pas le connaître du tout.Nous sommes parents, mais de loin, c'est-à-dire nous sommes parents à un degré éloigné.5° De loin, d'une grande distance dans le temps.• J'ai prévu d'assez loin ce que j'en viens d'apprendre, CORN. Rodog. V, 4.• Qui prévoyait de plus loin ?, BOSSUET le Tellier..• Anne avertie de loin par un mal aussi cruel qu'irrémédiable, BOSSUET Reine d'Anglet..• Je ne sais point prévoir les malheurs de si loin, RAC. Andr. I, 2.• Quel important besoin Vous a fait devancer l'aurore de si loin ?, RAC. Iphig. I, 1.• Mon mal vient de plus loin, RAC. Phèd. I, 3.• Vous preniez de si loin vos mesures, MASS. Avent, Jug..Voir de loin, avoir beaucoup de prévoyance, pressentir longtemps d'avance ce qui doit arriver.6° De bien loin, de beaucoup.• Restait le roi, de bien loin le plus important, SAINT-SIMON 73, 194.7° Du plus loin, d'aussi loin que, loc. conjonct. de lieu (avec l'indicatif), de la plus grande distance possible.• Lui-même, d'aussi loin qu'il nous a vus paraître : Adorez, a-t-il dit, l'ordre de votre maître, RAC. Baj. V, 11.• Quoi qu'il en soit, Néron, d'aussi loin qu'il me vit, Laissa sur son visage éclater son dépit, RAC. Brit. I, 1.Du plus loin que, d'aussi loin que, en parlant du temps (avec le subjonctif). Du plus loin que je me souvienne, qu'il m'en souvienne, la chose était ainsi.C'est du plus loin qu'il me souvienne, se dit d'une chose dont le souvenir est presque effacé.8° Au loin, loc. adv. À une grande distance. Voir au loin. Voyager au loin.• C'est un petit village ou plutôt un hameau, Bâti sur le penchant d'un long rang de collines, D'où l'oeil s'égare au loin dans les plaines voisines, BOILEAU Épître VI.• La rive au loin gémit, blanchissante d'écume, RAC. Iphig. V, 6.• N'allons jamais au loin, quand ce que nous cherchons est tout auprès, VOLT. Dict. phil. Influence..9° Au plus loin que (avec le subjonctif), loc. adv. de lieu, à la plus grande distance possible. Au plus loin que ma vue puisse s'étendre, je n'aperçois rien.10° Loin à loin, de loin à loin, de loin en loin, loc. adv. À de grandes distances, à de longs intervalles. Planter des arbres loin à loin.• Nos batteries, disposées un peu trop loin à loin, ne purent être prêtes qu'une heure après, SAINT-SIMON 12, 134.• Ces sortes de hardiesses font un merveilleux effet dans la poésie, lorsqu'elles sont placées à propos de loin à loin, D'OLIVET Rem. sur Racine, § 41.Il se dit aussi du temps.• Tous les secours qu'on a tirés des ecclésiastiques pour les besoins du royaume ne sont tirés que de loin à loin, PATRU Oeuv. div. p. 810, dans RICHELET.• Les nouvelles de sa venue [de Cyrus] viennent de loin à loin, comme avait prédit Jérémie, BOSSUET Hist. II, 4.• Ses lettres viennent plus de loin à loin qu'au commencement, BAYLE Lett. 87, 5 janv. 1691, t. I, p. 297.• Je leur dirai avec Origène qu'il y a eu très peu de persécutions, et encore de loin à loin, VOLT. Philos. Déf. Mil. Bolingbroke, ch. XLII.• Les états généraux, convoqués de loin à loin, se demandaient les lois et les usages, VOLT. Moeurs, 84.• Je ne reçois plus de vos nouvelles que de loin en loin, et je trouve cela très mauvais, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 18 sept. 1762.• La cour de Versailles a jeté de loin en loin quelques regards sur Madagascar, mais sans en sentir jamais vivement le prix, RAYNAL Hist. phil. IV, 5.11° Loin de, loc. prép. À distance de.• ...loin du monde ingrat que bienheureux tu quittes, RÉGNIER Ép. I.• Elle va, loin de vous et loin de sa patrie, Accepter pour époux le roi de Ligurie, VOLT. Brutus, II, 2.• Je vis heureux dans une retraite charmante, fâché seulement d'être heureux loin de vous, VOLT. Lett. Thiriot, juillet 1735.• Amis, loin de la ville, Loin des palais de roi, Loin de la cour servile, Loin de la foule vile, trouvez-moi, trouvez-moi.... Quelque asile sauvage, V. HUGO Odes, Rêves..Fig.• Mais que vous êtes loin de cette ardeur parfaite Qui vous est nécessaire et que je vous souhaite !, CORN. Poly. I, 1.• Vous louez Revel par où je l'ai loué, en disant que je l'avais trouvé vrai et loin de toute vanité, SÉV. 21 sept. 1689.• Qu'alors il était loin de tant de renommée !, VOLT. Fanat. I, 4.Elliptiquement, loin exprime l'injonction d'éloigner, d'écarter.• Loin, bien loin, tristes pensées, MALH. II, 2.• Loin de moi les pensées de ces impies !, SACI Bible, Job, XXII, 18.• Loin de nous les héros sans humanité !, BOSSUET Louis de Bourbon..• Loin ces rimeurs craintifs...., BOILEAU Art p. II.• Loin de moi les mortels assez audacieux Pour juger par eux-même et pour voir par leurs yeux !, VOLT. Fanat. III, 6.• Loin tous ces conquérants en ravages fertiles !, DELILLE Jardins, IV.Loin de là, se dit pour signifier qu'il ne faut pas manquer à telle ou telle chose. On vous conseille d'abandonner cette affaire ; loin de là, il faut la pousser activement.Être loin de son compte, se tromper dans son raisonnement, dans son calcul, dans ses prétentions, dans ses espérances.Ils sont encore tous deux bien loin de compte, se dit de deux personnes qui ont une convention, un marché à faire, et qui ne peuvent tomber d'accord.Être loin, bien loin de faire une chose, être dans des dispositions toutes contraires à celles qui pousseraient à faire cette chose.• Je suis loin de vanter ma victoire et mon zèle, VOLT. Oreste, III, 6.Bien loin, ou, simplement, loin, se construisant avec la préposition de, suivie d'un verbe à l'infinitif, ou avec la conjonction que et le subjonctif, signifie au lieu de, tant s'en faut que. L'adversité, loin qu'elle soit un mal, est souvent un remède et le contre-poison de la prospérité.• Celui-ci, loin de tourner le dos, Veut vendre au moins sa vie, et mourir en héros, LA FONT. Fabl. X, 14.• Loin de trembler devant les autels, on y méprise Jésus-Christ présent, BOSSUET Louis de Bourbon..• Quoi ! cher prince, avec toi je me verrais unie ! Et, loin que ma tendresse eût exposé la vie, Tu verrais...., RAC. Mithr. IV, 1.• Hélas ! loin de vouloir éviter sa colère, La plus soudaine mort me sera la plus chère, RAC. Brit. V, 7.• Loin de vous accabler, avec vous je soupire, VOLT. Brutus, IV, 1.12° Loin de, se dit aussi de la distance dans le temps. Nous sommes encore loin du carnaval.PROVERBESLoin des yeux, loin du coeur, se dit pour exprimer que l'absence amortit les affections.Près de l'église, loin de Dieu, se dit d'un homme qui loge près de l'église et qui n'est guère dévot.Il est auprès de cette belle comme le bénitier est dans l'église, près de la porte et loin du coeur, se dit, par un jeu de mot entre coeur et choeur, d'un amoureux qui n'est point aimé de celle qu'il aime.A beau mentir qui vient de loin, se dit de ceux qui, au retour de pays lointains, racontent des choses incroyables.Pas à pas on va loin, c'est-à-dire quand on va toujours, on ne laisse pas d'avancer, quoiqu'on aille lentement.1. Boileau a dit : Bien loin de convenir qu'il y a du sublime dans les paroles que Moïse fait prononcer à Dieu au commencement de la Genèse.... (10e réflexion sur Longin). On pourrait demander qu'il y ait ; bien loin équivalant à une négation. Mais il y a ici une proposition déjà faite et que l'on doit rappeler dans ses propres termes ; c'est ce qui justifie l'indicatif.2. Anciennement on disait de loin à loin. De loin en loin ne paraît que dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.XIe s.• Luin et pref [près], Lois de Guill. 42.• Sire Alexis, tanz jurz t'ai dessiret, E tantes feiz [tant de fois] pur tei au luinz guardet [regardé], Si revenisses [tu revenais] ta spuse conforter, St-Alexis, XCV.• Vous n'irez pas uan [cette année] de mei si luign, Ch. de Rol. XVII.• Li quens Rolanz Gautier de luin apele, ib. LXII.• Cist [ceux-ci, les ennemis] nous sont près, mais trop nous est loin Charles, ib. LXXXV.• Ne loing ne près ne puet vedeir [voir] si clair, ib. CXLVIII.XIIe s.• De long reluist li teinz [la couleur] et li blazons, Ronc. 132.• Mainte longue semaine Trai [je passe], quant sui loing de lui [d'elle], Couci, VIII.• Et quant je plus sui loing de la contrée, Tant est mes cuers [mon coeur] plus près et ma pensée, ib. XVII.• Les contrées qui moult sont long de lor, Machab. I, 8.XIIIe s.• Adan, pou [peu] sont de gent, n'aient oï Dire qu'on vait moult loins tout belement, MÄTZNER p. 82.• L'en doit bien reculer pour le plus loing saillir, Berte, XIII.• Cil dame Diex, faitele, qui haut siet et loin voit, ib. XXVIII.• Ne il n'avoient mie pooir de pourchacier viandes quatre arbalestrées loing de l'ost, VILLEH. LXXIV.• Sachiés pour voir [vrai], li arbre furent Si loing à loing cum estre durent, la Rose, 1376.XIVe s.• Les extremes sont plus loing l'un de l'autre et à plus grant distance de l'un à l'autre que il n'a de chascun d'eulx au moien, ORESME Eth. 52.• Quant li princes choisi [vit] Bertran qui venoit là, De si loin qu'il le vit, à rire commença, Guesclin. 13497.XVe s.• Ma lettre escrivi et scellay, Et à mon ami l'enveai, Qui la lut, et, trois jours après, Petit loing ou petit plus près [un peu plus ou un peu moins], Me rescrivi en tel maniere, E. DESCH. Poés. mss. f° 495.• L'un dit que promectez de loing, Et qu'en estes bonne maistresse, L'aultre que faillez au besoing, CH. D'ORL. Chanson 33.• Et ne regardoient point à plus loing, COMM. V, 16.• Hier, n'a pas plus loin, je tins l'oeil sur vous, et d'un lieu, là où j'estois, je vous y vis arriver, LOUIS XI Nouv. XXXIII.XVIe s.• L'effect surmonte de si loing la pensée, que...., MONT. I, 81.• Les choses nous paroissent souvent plus grandes de loing que de prez, MONT. ib..• Trouvant un jour une mienne parente En un festin, parente d'assez loin...., RONS. 776.• Loin des yeux, loin du coeur, c'est la regle ordinaire, DESPORTES Élégies, I, 4.Bourguig. lon ; Verviers, lons ; provenç. long, loing, lonh, lung, luenh, lunh ; catal. lluny ; anc. espagn. luene ; portug. longe ; ital. lungi ; du lat. longe, de longus, long. Loinz, loins représente longis (a longis ; voy. certes et volontiers pour l's).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.