as

as
(âs' ; quelques-uns cependant disent : l'â de coeur, l'â de pique, contre l'usage le plus général) s. m.
   Carte marquée d'un seul point.
   S'écrier sur un as mal à propos jeté, BOILEAU Sat. X..
   Houel et Jeanfin avaient un démon familier qui leur donnait toujours des as quand ils jouaient aux cartes, VOLT. Phil. III, 148.
   Familièrement et fig. As de pique, mauvaise langue.
   Ô la fine pratique, Un mari confident ! - Taisez-vous, as de pique, MOL. Dép. am. V, 9.
   C'est un beau marmouset, c'est un bel as de pique, SCARRON Jodelet duelliste, II, 4.
   Prenez bien garde à ce soldat, ou plutôt ce grand as de pique, SCARRON la Foire de Saint-Germain, V, 121.
Quelques-uns voient dans cette locution une altération d'aspic.
   Le côté du dé marqué d'un seul point.
   Au jeu de dominos, la moitié qui n'a qu'un point.
   Chez les Romains, l'as était une monnaie de cuivre, et désignait aussi un point seul marqué sur un des côtés du dé.
   As qui court, jeu de cartes où il faut se débarrasser de l'as avant que le tour soit fini.
   As percé, à la bouillotte, as qui est le seul de sa couleur. As percé est sans doute l'italien asso per se, as qui est tout seul ; il serait bon de l'écrire per-sé.
   XIIe s.
   Li dé serunt mult tost sur ambes as turné, Qui unt esté sovent sur sines ruelé, Th. le mart. 157.
   .... L'apostolies [le pape] ert [était] de la guerre tut las, N'eut de tut Engleterre qui valsist un seul as, ib. 113.
   XIIIe s.
   Pierres ! veus tu oïr novele ? Or est tornée ta rouele, Or t'est-il cheü ambes as ?, RUTEB. II, 93.
   [On encortine une rue] Pour miex plaire, quand rois vient à Arras, Et mieulz doit on amer le sis que l'as, Bibl. des Chartes, 4e série, t. V, p. 328.
   XIVe s.
   [Je] Conquerrai forteresses et chasteaux hauts et bas Sur la terre du prince que je n'aime deux as, Guesclin. 17107-17111.
   XVIe s.
   Il fu condemné par contumace en l'amende de mille asses de monnoy romaine, AMYOT Cam. 22.
   Provenç. et espag. as ; portug. az ; ital. asso ; du latin as, assis, qui, ayant fini par signifier l'unité en différentes mesures, finit aussi par exprimer le point seul marqué sur un dé ou une carte. On donne deux étymologies de ce mot : 1° le latin as ou aes, cuivre, parce que l'as était une monnaie de cuivre ; 2° le grec, un.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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