- justicier
- justicier 1.(ju-sti-si-é), je justiciais, nous justiciions, vous justiciiez ; que je justicie, que nous justiciions, que vous justiciiez), v. a.Punir quel qu'un d'une peine corporelle, en exécution de sentence ou d'arrêt. On fit justicier ces voleurs.XIIe s.• Moinne veut devenir, et sa vie muer, Por sa char justicier [mortifier] et por s'ame sauver ; Moult a fait mal en siecle, moult y a amender, Rou, ms. p. 64, dans LACURNE.• Et l'emperere qui Franc doit justicier, Ronc. p. 31.• Jà de plus aspre mort nel pouvez justisier, ib. p. 200.• Et nouveles en vinrent au Saisne Brunamont Qui justisoit [gouvernait] Sassoigne et la terre environ, Sax. III.XIIIe s.• Qui d'amors est justiciés, Fl. et Bl. V. 1103.XIVe s.• Avoient fait plusieurs enfraintures en justichant es villes, DU CANGE arrestum..• Pour justicier deux femmes auxquelles on coupa les oreilles, DU CANGE Auris..XVe s.• Il fit tant de bonnes gens justicier, et mettre tant de gens à mort sans loi et sans jugement...., FROISS. I, I, 9.• En justiciant, c'est le plus crueux et le plus droiturier seigneur qui vive, FROISS. II, III, 9.XVIe s.• La derniere clause portant que les Escossois avoient creez leurs rois et gardé possession de les justicier par prison et par mort, quant le cas y escheoit, D'AUB. Hist. II, 90.• Le roy peut justicier ses officiers clercs, pour quelque faute que ce soit, commise en l'exercice de leurs charges, nonobstant le privilege de clericature, P. PITHOU 33.Justice ; provenç. justiziar ; portug. justiçar ; ital. giustiziare.————————justicier 2.(ju-sti-sié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des ju-sti-sié-z inflexibles) s. m.1° Celui qui aime à rendre, à faire justice.• Nous avons une tragi-comédie espagnole, où Pierre, que nous appelons le cruel, n'est jamais appelé que le justicier, titre que lui donna toujours Philippe II, VOLT. D. Pèdre, Disc. hist. crit..2° Celui qui a droit de justice en quelque lieu.• Entre seigneurs hauts justiciers, on est obligé à certains devoirs l'un envers l'autre, DANCOURT Vacances, sc. 10.• Le parlement de Dijon s'est avisé de faire pendre, ou à peu près, un pauvre diable de Suisse, pour me faire payer la procédure, en qualité de haut justicier ; je suis tout ébahi d'être haut justicier, et de faire pendre des Suisses en mon nom, VOLT. Lett. d'Argental, 7 mars 1760.Adj. Il en était seigneur justicier.3° Titre que portait le président des états d'Aragon.• Ferdinand le Catholique n'avait pu en Aragon détruire l'autorité du justicier, qui se croyait en droit de juger les rois, VOLT. Moeurs, 131.XIIe s.• De Jofroi de Paris [ils] firent lor justisier, Por maintenir la guerre et por eus enforcier, Sax. IV.• [Richard] Qui al rei Henri ert [était] ses privez conseilliers, E de tute la terre e mestre e justiciers, Th. le mart. 53.XIIIe s.• Et fu bons justiciers et regna longtemps comme bons rois, Chr. de Rains, 86.XVIe s.• Prince regretté des vrais chrestiens, ami de paix, ennemi des cruautés, prudent, justicier et vigilant, D'AUB. Hist. I, 249.• Nous tiendrons la main aux officiers et justiciers establis par sa majesté ès villes et ressorts de leurs juridictions, D'AUB. ib. II, 226.Justice ; provenç. justicier ; espagn. justiciero ; ital. giustiziere. L'ancienne langue avait aussi justiciere, justiceor, représentant un latin fictif justiciator, justiciatorem.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.