- jubilé
- (ju-bi-lé) s. m.1° Solennité publique, chez les Juifs, qui, se célébrant de cinquante ans en cinquante ans, amenait la rémission de toutes sortes de dettes, la restitution de tous les héritages aux anciens propriétaires, et la mise en liberté de tous les esclaves. Les Juifs ne vendaient point leurs biens et leurs terres à perpétuité, mais seulement jusqu'à l'année du jubilé.• Vous sanctifierez la cinquantième année, et vous publierez la liberté générale à tous les habitants du pays, parce que c'est l'année du jubilé, SACI Bible, Lévit. XXV, 10.2° Dans la religion catholique, indulgence plénière, solennelle et générale, accordée par le pape en certains temps et en certaines occasions. La bulle du jubilé. Le jubilé fut établi en 1300 par Boniface VIII, et ne se célébrait d'abord que de cent en cent ans ; Clément VI le réduisit à cinquante, Urbain VI à trente-trois ans et Sixte IV à vingt-cinq.• Le jubilé est une indulgence plénière d'autant plus certaine et d'autant plus efficace qu'elle est accordée par notre saint-père le pape pour cause publique, avec une réflexion plus particulière sur les besoins de la chrétienté, et qu'elle est universelle, BOSSUET Instruct. pour le jubilé, 1.• Votre mandement pour le jubilé sera certainement lu ; mettez-y des vérités fortes et touchantes, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 13 janv. 1700.• Le jubilé fini, gagné ou non gagné, il fut question de savoir si Mme de Montespan reviendrait à la cour, Mme DE CAYLUS Mém. p. 70, éd. de 1803.• Il me semble qu'on voit encore dans le caractère, dans la physionomie et dans toute la personne de Mme la duchesse d'Orléans [fille de Mme de Montespan, née pendant le jubilé], des traces de ces combats de l'amour et du jubilé, Mme DE CAYLUS ib. p. 72.• Le grand jubilé attirait à Rome une si prodigieuse foule, qu'en 1350 on y compta deux cent mille pèlerins, VOLT. Moeurs, 68.Faire son jubilé, faire toutes les pratiques de dévotion ordonnées par la bulle du jubilé.• Je serais très bien disposée pour faire.... mon jubilé, SÉV. 34.Terme de jeu. Faire jubilé, brouiller le jeu, de manière qu'il n'y ait ni perdants ni gagnants.3° Fête religieuse et domestique, qu'on célèbre souvent au bout de cinquante ans d'exercice d'une fonction, au bout de cinquante ans de mariage. Ce professeur célèbre cette année son jubilé ; il a 50 ans de services.Mariage de jubilé, mariage célébré de nouveau après cinquante ans de durée.4° Adj. Il se dit d'un religieux, d'un chanoine, d'un docteur qui l'est depuis 50 ans. Ce père n'a plus qu'une année de théologie à enseigner, et puis il sera lecteur jubilé.XVe s.• Venez à mon jubilé ; J'ay passé la cinquantaine ; Tout mon bon temps est allé ; Venez à mon jubilé, E. DESCH. Poésies mss. f° 184.Provenç. jubileu ; espagn. jubileo ; ital. giubbileo ; du lat. jubilaeus, qui vient de l'bébreu iobel, cor, trompe, dont le son annonçait la fête.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.