- joliment
- (jo-li-man) adv.1° D'une manière agréable, satisfaisante.• Vous aurez votre enfant, qui tiendra joliment sa place à Grignan, SÉV. 15 janv. 1690.• Laissez faire : j'arrangerai tout cela joliment, FAVART Soliman II, II, 5.• Je lui dis qu'elle est piquante à l'excès, et de cette manière nous sommes très joliment ensemble, GENLIS Théâtre d'éduc. les Faux amis, I, 5.2° D'une manière jolie. Il danse fort joliment.• Le point de réunion est un bourg joliment bâti et situé sur une hauteur où l'air est très salubre, RAYNAL Hist. phil. XIII, 40.Par ironie, dans le langage familier. J'ai joliment arrangé le drôle.3° Dans le langage très familier, beaucoup, extrêmement.• Un autre [valet d'armée] dit : Nous avons été joliment téméraires, nous n'étions que sept mille hommes, nous en avons attaqué vingt-six mille ; aussi faut voir comme nous avons été frottés, SÉV. 209.• Vous ne m'avez pas mandé comment vous avez trouvé la petite religieuse à Sainte-Marie ; vous savez que je l'aime fort joliment, SÉV. 9 déc. 1676.• Nous sommes timides, mais nous savons fort joliment dissimuler, GENLIS Théât. d'éduc. la Cloison, sc. 6.Dans le langage familier, ce mot se prend pour dire très mal, ou point du tout. Il vous a donné à dîner, vous avez été bien traité. - Oui, joliment !XIIIe s.• Corbarans d'Oliferne l'en prist à regarder, Amedelis apelle : sais-tu celui nommer ? Moult sait ores ses armes joliement porter, Ch. d'Antioche, VIII, 372.• Cil fluns [fleuve] cort si joliement, Et mene tel grondillement...., la Rose, 6023.• Qui veult amor maintenir Tiengne soi jolivement, Car nus [nul] ne doit avenir à fine amor autrement, Mss. de poés. franç. avant 1300, t. II, p. 1525, dans LACURNE.XIVe s.• Le comte de Foys print sa mere, laquelle estoit seur de messire Robert d'Artoys, et la feit mettre en ung fort chasteau en prison, pour ce qu'elle vivoit trop joliement de son corps, à sa grant confusion et villenie de son lignage, Chron. de Saint-Denys, t. II, f° 185.XVe s.• Les filles faut tenir joliement pour trois choses : l'une, qu'elles soient plus tost demandées à marier de plusieurs galans...., Les quinze joies du mariage, p. 52, dans LACURNE.Jolie, et le suffixe ment ; provenç. joliament.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.