- jaillir
- (ja-llir, ll mouillées, et non ja-yir) v. n.Sortir impétueusement, en parlant de l'eau ou de quelque autre fluide. L'eau a jailli soudain.• Ou c'est du sang mortel qui de l'hydre jaillit Et que ce traître esprit peut-être recueillit, ROTR. Herc. mour. IV, 1.• Et je vois jaillir l'Hippocrène, Sous le pied du cheval ailé, LA MOTTE Odes, t. I, p. 72, dans POUGENS.Par extension.• Des veines d'un caillou qu'il frappe au même instant, Il fait jaillir un feu qui pétille en sortant, BOILEAU Lutr. III.• La lumière qui jaillit en torrents de ces soleils, VOLT. Dial. 29.Fig. Les traits brillants qui jaillissent de l'imagination de ce poëte.• La vérité jaillit du plus léger indice, C. DELAV. Vêpr. sicil. III, 3.Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.XIIe s.• Il prent trois pox [poils] de l'ermin qu'ot vesti, Parmi les mailles de l'auberc esclarci, Enver Raoul les jeta et jali, Puis li a dit...., Raoul de C. 91.XIIIe s.• Crestien ont les Turs en si grant destroit mis, Qu'as espées d'acier en ont dis mis [mille] ocis, Et quinze cens en ont ens el Ferne jalis, Ch. d'Ant. IV, 859.XVIe s.• Il en sourdit incontinent un grand feu et une flamme claire qui jalit vers le ciel, AMYOT Sylla, 12.• Il le tua devant ses yeux, si près de luy, que le sang en jalit sur luy, AMYOT Phocion, 43.• De çà, de là virant et tournoyant, Comme l'esclair du soleil flamboyant Ou du croissant fait jaillir la lumiere Sur l'eau tremblante...., RONSARD cité dans MÉNAGE.Lat. jaculari, lancer, de jaculum, javelot, avec un changement de conjugaison (jaillir, au lieu de jailler), changement qui provient peut-être, dit M. Scheler, de l'influence de saillir ; jaculum lui-même vient de jac-io (voy. jet). Le sens ancien du verbe jaillir est actif et veut dire lancer, jeter.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.