- ironie
- (i-ro-nie) s. f.1° Proprement, ignorance simulée, afin de faire ressortir l'ignorance réelle de celui contre qui on discute ; de là l'ironie socratique, méthode de discussion qu'employait Socrate pour confondre les sophistes.2° Par extension, raillerie particulière par laquelle on dit le contraire de ce que l'on veut faire entendre. Ce compliment n'est qu'une ironie.• Dans les premières paroles que Dieu a dites à l'homme depuis sa chute, on trouve un discours de moquerie et une ironie piquante, selon les Pères, PASC. Prov. XI.• Voilà l'homme qui est devenu comme l'un de nous, ce qui est une ironie sanglante et sensible dont Dieu le piquait vivement, selon saint Chrysostome et les interprètes, PASC. ib..• Il a une facilité merveilleuse à manier l'ironie, BOILEAU Sublime, 28.• Point d'injures, beaucoup d'ironie et de gaieté ; les injures révoltent, l'ironie fait rentrer les gens en eux-mêmes, la gaieté désarme, VOLT. Lett. d'Argental, 18 mai 1772.• Il [Racine] met quelques ironies dans la bouche d'Hermione, VOLT. Comm. Corn. Médée, II, 2.• Le roi le lui fit sentir froidement, avec une nuance d'ironie, GENLIS Mme de Maintenon, t. II, p. 109, dans POUGENS.• Et l'ironie au ris moqueur, DELILLE Convers. III.• Toujours son ironie, inféconde et morose, V. HUGO Chants du crépuscule, XIII.Par extension, retour sur soi-même par lequel, semblant se moquer du malheur, on en exprime plus fortement l'impression.• Il y a une autre espèce d'ironie qui est un retour sur soi-même, et qui exprime parfaitement l'excès du malheur ; c'est ainsi qu'Oreste dit dans l'Andromaque : Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance, VOLT. Comm. Corn. Rem. Médée, II, 2.Fig. L'ironie du sort, événement malheureux qui semble être une moquerie du destin.• Cette amère ironie du malheur, STAËL Corinne, XVII, 4.XIVe s.• Yronie est quant l'en dit une chose par quoy l'en veult donner à entendre le contrairo, ORESME Thèse de MEUNIER..Provenç. espagn. ironia ; du lat. ironia, qui vient du grec, ironie.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.