- interdit
- interdit, ite 1.(in-tèr-di, di-t') part. passé d'interdire.1° Dont il est défendu d'user.• Les Grecs prenaient d'autres libertés qui nous sont rigoureusement interdites ; par exemple, de répéter souvent dans la même page des épithètes, des moitiés de vers, des vers même tout entiers, VOLT. Dict. phil. Langues..2° À qui il est défendu d'exercer ses fonctions soit ecclésiastiques, soit civiles.• On croit M. de Paris interdit ; il ne dit plus la messe, SÉV. 443.3° Qui est privé, par autorité de justice, de la libre disposition de ses biens et même de sa personne. Un fou interdit.Substantivement.• L'interdit est assimilé au mineur pour sa personne et pour ses biens, Code Nap. art. 509.4° Étonné, troublé, qui ne peut répondre, ou qui ne sait ce qu'il fait. ce qu'il dit.• Notre abord le rend tout interdit, CORN. Sertor. IV, 3.• Je ne m'étonne plus qu'interdit et distrait, Votre père ait paru nous revoir à regret, RAC. Iphig. II, 4.• Ils jetèrent tous les yeux sur Pauline, qui parut assez interdite, FONTEN. Jugem. de Pluton..• Hamilton, plus interdit et plus confondu que lui, n'était pas trop en état de lui donner des conseils, HAMILT. Gramm. 8.• Madame, j'ai autre chose à dire ; je suis si interdit, si tremblant que je ne saurais parler, MARIV. Fausses confid. III, 12.• Les ouvriers, d'abord interdits d'avoir un souverain [le czar Pierre] pour compagnon, s'y accoutumèrent familièrement, VOLT. Russie, I, 9.————————interdit 2.(in-tèr-di ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des in-tèr-di-z illégaux) s. m.Sentence ecclésiastique par laquelle l'Église défend l'administration des sacrements, la célébration de l'office divin, à cause de quelque péché et de quelque désobéissance notable et scandaleuse. Fulminer un interdit sur.... Jeter, lancer, lever l'interdit.• Innocent III, cet homme sous lequel le saint-siége fut si formidable, mit l'Angleterre en interdit, VOLT. Moeurs, 50.• Ce qui est singulier, les souverains eux-mêmes priaient quelquefois les évêques de prononcer un interdit sur les terres de leurs vassaux, VOLT. Dict. phil. Yvetot..Interdit local, interdit qui frappe les habitants d'un lieu. Interdit personnel, celui qui atteint directement un individu.XIIe s.• Quant il sera generaus entredis en tiere..., TAILLIAR Recueil, p. 503.XIVe s.• Un intredit que li eveskes de Cambrai envoya au prouvost et as jurés, H. CAFFIAUX Nicole de Dury, p. 96.Provenç. entredich ; catal. entredit ; esp. entredicho ; ital. interdetto ; du lat. interdictum, de interdicere, interdire.————————interdit 3.(in-tèr-di) s. m.Terme de droit romain. Ordonnance du préteur prononcée sur un cas litigieux, surtout en matière de possession. Les interdits du droit romain sont devenus nos actions possessoires.Lat. interdictum. On en propose deux origines : 1° interdictum, ordre prohibitif donné par le préteur, pour empêcher de troubler celui qui était en possession ; le nom du cas particulier aurait été étendu à tous les ordres émanés du préteur en cas de litige ; 2° inter duos dictum, jussion du magistrat interposée entre les deux plaideurs. Cette seconde étymologie paraît seulement ingénieuse, et c'est la première qui est la plus probable.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.