- ingratitude
- (in-gra-ti-tu-d') s. f.1° Vice des ingrats.• Ce que [le silence] l'on eût tenu pour révérence, le serait maintenant pour ingratitude qu'il lui a plu [à Henri IV], me faisant du bien, m'inspirer, avec un vif désir de vertu, celui de me rendre digne de l'aspect du plus parfait et du plus victorieux monarque du monde, RÉGNIER Épît. dédic..• À tant de perfidie et tant d'ingratitude, CORN. Sertor. V, 4.• ....L'ingratitude est le plus noir des vices, MAIRET Sophon. III, 1.• Hélas ! j'ai beau crier et me rendre incommode ; L'ingratitude et les abus N'en seront pas moins à la mode, LA FONT. Fabl. XII, 16.• Sous les Assyriens leur triste servitude [des Juifs] Devint le juste prix de leur ingratitude [envers Dieu], RAC. Esth. III, 4.• Il vaut mieux s'exposer à l'ingratitude que de manquer aux misérables, LA BRUY. IV.• Après les preuves touchantes, madame, que j'ai eues de votre amitié.... il y aurait à moi de l'ingratitude de n'y pas compter toujours, J. J. ROUSS. Lett. à Mme de Boufflers, 26 août 1764.2° Au plur. Actes qui proviennent de ce vice.• Repasse mes bontés et tes ingratitudes, CORN. Tois. d'or, III, 3.• Voici un trait d'ingratitude qui ne vous déplaira, et dont je veux faire mon profit, quand je ferai mon livre sur les grandes ingratitudes, SÉV. 6 fév. 1671.• [Elle] Me fait un long récit de mes ingratitudes, RAC. Brit. II, 2.• Qui doit enfin terminer.... toutes les ingratitudes de votre vie, MASS. Carême, Rechute, 1.3° État d'un coeur qui ne répond pas à l'amour.• C'est cet amour payé de tant d'ingratitude Qui me rend en ces lieux sa présence si rude, RAC. Andr. II, 1.• Mon coeur désespéré d'un an d'ingratitude, RAC. ib. III, 7.4° Qualité de ce qui ne répond pas à la peine qu'on prend.• L'ingratitude d'un sol qui ne lui fournit rien de ce qu'exige le besoin absolu de tous les jours, RAYNAL Hist. phil. XII, 28.XIIIe s.• Se nous voulons à Dieu prendre similitude, Nous herons [haïrons] comme lui pechié d'ingratitude, J. DE MEUNG Test. 81.• C'est grant ingratitude de mettre en oblience...., J. DE MEUNG ib. 426.XVe s.• Est bien raison que je regarde, Qu'envers vous ne soie entechié De ce faulx et mauvais pechié Que l'on reprouche en toute estude, Et qui est dit ingratitude, C'est à dire mal pour bien rendre, E. DESCH. Poés. mss. f° 484.XVIe s.• Vice d'ingratitude et de mescognoissance, MONT. III, 317.• Du moins, puisqu'à la fin sorti de servitude, Je cognoy ma sottise et leur ingratitude, DESPORTES Oeuvres chrest. Sonnets, 8.Provenç. ingratitut ; espagn. ingratitud ; ital. ingratitudine ; du lat. ingratitudinem, de ingratus, ingrat.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.