- infinité
- (in-fi-ni-té) s. f.1° Qualité de ce qui est infini.• L'homme n'est produit que pour l'infinité, PASC. Préf. Vide..• Il est bien croyable que Dieu, qui aime infiniment, en donne des preuves proportionnées à l'infinité de son amour et à l'infinité de sa puissance, BOSSUET Anne de Gonz..• Rien ne finit en cette contrée [au delà du tombeau] ; c'est le Seigneur lui-même qui va commencer de mesurer toutes choses par sa propre infinité, BOSSUET Sermons, Impénit. 2.• L'auteur de la nature a marqué du sceau de son infinité ses moindres productions, BONNET Contempl. nat. Oeuv. t. VIII, p. 141, dans POUGENS.Au plur.• Je ne vois que des infinités de toutes parts, qui m'enferment comme un atome, et comme une ombre qui ne dure qu'un instant sans retour, PASC. Pensées, t. I, p. 299, édit. LAHURE..2° Par extension, besoin d'infini dans l'âme humaine.• Que veulent-ils dire de travailler jour et nuit inutilement à remplir un abîme et à contenter l'infinité ?, BALZ. la Gloire..• Elles [les passions] ont toutes une infinité qui se fâche de ne pouvoir être assouvie, BOSSUET Sermons, Nécessité de la pénit. 1.3° Il se dit, par exagération, de ce qui est très considérable.• Ma chère enfant, que dites-vous de l'infinité de ma lettre ? si je voulais, j'écrirais jusqu'à demain, SÉV. 48.• Il faut croire qu'il passe autant de vin dans le corps de nos Bretons, que d'eau sous les ponts, puisqu'on prend là-dessus l'infinité d'argent qui se donne à tous les états, SÉV. 12 août 1671.Un très grand nombre.• Sous ombre que vous avez à cette heure une infinité d'affaires, VOIT. Lett. 83.• Une infinité d'infinités de propositions, PASC. dans COUSIN.• On dit qu'il y en a une infinité qui ont péri, SÉV. 147.• Je vois des harangues, des infinités de compliments, de civilités, de visites, SÉV. 3 mars 1671.• Dans les provinces éloignées et même dans cette ville [Paris], au milieu de tant de plaisirs et de tant d'excès, une infinité de familles meurent de faim et de désespoir, vérité constante, publique, assurée, BOSSUET Sermons, impén. finale, 3.• Une infinité d'accidents peuvent toujours tarir quelques sources de la consommation dans Paris, FONTEN. Éloge d'Argenson..• Le peuple, qui n'avait point de roi, avait une infinité de tyrans, DUCLOS Hist. de Louis XI, Oeuv. t. II, p. 19, dans POUGENS..• Il faut avoir combiné des infinités de rapports pour acquérir des idées de convenance, de proportion, d'harmonie et d'ordre, J. J. ROUSS. dans LAVEAUX.• Une infinité d'Américains, Anglais, Français, Hollandais, dont les plantations sont épuisées, RAYNAL Hist. phil. IX, 28.1. Quand ce mot régit un nom au pluriel, le verbe doit se mettre au pluriel :• J'ai eu cette consolation en mes ennuis qu'une infinité de personnes ont pris la peine de me témoigner le déplaisir qu'ils en ont eu, MALHERBE cité dans VAUGELAS.2. Il en est de même quand ce mot est précédé de la particule en, parce que cette particule exprime un pluriel : Il y en a une infinité qui pensent que.... Mais on dira : Une infinité de monde se jette là dedans.3. Infinité n'a pas ordinairement de pluriel, et l'Académie ne lui en donne point. Cependant il est des cas où le pluriel rend plus exactement l'idée que l'on attache à ce mot ; voyez-en plus haut des exemples de Pascal, de Sévigné, de J. J. Rousseau.XVe s.• Adonc entrerent François de tous costez, qui occirent tant d'Engloiz, que ce fust infinité, MENARD Hist. de du Guesclin. p. 446, dans LACURNE.• Dont il a dueil tel et si grant, Que ce luy est infinité, A. CHART. Poésies, p. 747.XVIe s.• L'infinité de son essence [de Dieu] nous doit espouvanter, à ce que nous n'attentions point de le mesurer à nostre sens, CALV. Instit. 69.• Si les plaisirs que tu nous promets en l'aultre vie sont de ceulx que j'ay sentis çà bas, cela n'a rien de commun avecques l'infinité, MONT. II, 252.• Il courut une infinité de risques, D'AUB. Vie, XIX..Provenç. infinitat, enfenitat ; espagn. infinidad ; ital. infinità ; du latin infinitatem, de infinitus, infini.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.