- incapable
- (in-ka-pa-bl') adj.1° Qui n'est pas susceptible de...., en un sens défavorable ou favorable.En un sens défavorable. Qui n'a pas la capacité pour certaines choses.• Il est savant, donc il est incapable d'affaires, LA BRUYÈRE XII.• Jean son frère [du czar Pierre] de père et de mère, et incapable de tout, FONTENELLE Czar Pierre.• J'ai vu des hommes incapables de sciences, je n'en ai jamais vu incapables de vertus, VOLT. Dict. phil. Philosophe, 1.• Pleins de courage et d'intrépidité, mais incapables de vues et de desseins, ANQUETIL Ligue, I, 320.Absolument. Qui est sans capacité ; malhabile. C'est un homme incapable.Substantivement. Donner les places aux incapables.En un sens favorable, incapable se dit de l'impossibilité morale où est un homme de faire quelque chose de mauvais, de blâmable.• D'un si lâche dessein mon âme est incapable, CORN. Cinna, III, 1.• Mon coeur plus incapable encor de vanité, CORN. Théod. II, 2.• Elle déclarait aux chefs des partis jusqu'où elle pouvait s'engager ; et on la croyait incapable ni de tromper ni d'être trompée, BOSSUET Anne de Gonz..• Tout ce qui est mortel, quoi qu'on ajoute par le dehors pour le faire paraître grand, est, par son fond, incapable d'élévation, BOSSUET Duch. d'Orl..• Moi ! vouloir ton trépas ! va, j'en suis incapable, VOLT. Olymp. IV, 6.• Incapable à la fois de crainte et de fureur, VOLT. Henr. VI.2° Qui n'est pas susceptible de...., en parlant des choses, qui n'a pas les conditions requises.• Mais quand je crois mon mal de secours incapable, ROTROU Venceslas, III, 2.• Il y a des mots incapables d'être définis, PASC. Esprit géom. I.• La cause qui les [ces vérités] rend incapables de démonstration n'est pas leur obscurité, mais au contraire leur extrême évidence, PASC. ib..• Je ferais trop d'honneur à mon sujet si je le traitais avec ordre, puisque je veux montrer qu'il en est incapable, PASC. Pensées, t. I, p. 268, éd. LAHURE.• Ces terres trop remuées et devenues incapables de consistance sont tombées de toutes parts, BOSSUET Reine d'Anglet..• Nos désirs, qui souvent se portent à des choses incapables de nous contenter, BOURD. Pensées, t. I, p. 378.Aujourd'hui, par un faux purisme, on hésite à employer incapable en ce sens, et l'on dit non susceptible ; à tort, car l'usage des meilleurs écrivains et l'étymologie le justifient également.3° Terme de jurisprudence. Qui est privé par la loi de certains droits, exclu de certaines fonctions.• Mme de Villeroy ne pouvait donner ou abandonner autre chose que ce qu'en acceptant la succession elle recevait, qui était la terre, non la dignité, dont son sexe la rendait incapable, SAINT-SIMON 64, 60.Substantivement. Un incapable. Une disposition au profit d'un incapable est nulle.4° Qui n'est pas en état de faire une chose. Il est incapable de se tenir debout.• Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur ; nous sommes incapables et de certitude et de bonheur, PASC. Pensées, part. II, art. 1.Qui est dans une situation, dans une disposition qui ne lui permet pas certaines choses.• Le chevalier est toujours dans sa chambre et dans son fauteuil ; cet état, qui le rend incapable d'aller à Versailles, lui donne un chagrin extrême, SÉV. 506.• Le seul chanoine Évrard, d'abstinence incapable, Ose encore proposer qu'on apporte la table, BOILEAU Lutr. IV.• Si les ecclésiastiques sont incapables de faire leur charge, ils sont inexcusables d'avoir accepté une charge si importante et dont ils ne peuvent pas s'acquitter, Port-Royal, Logique, III, 3.XVIe s.• Impetuosité de cholere incapable d'opposition. - Se sentir incapable de faire une chose, MONT. I, 41.• Il fut declaré roturier et incapable de porter armes, MONT. I, 56.• Ame incapable de se rendre à la violence, MONT. I, 198.• Je ne donne pas ces fantaisies comme incapables de doute et d'altercation, MONT. I, 401.In.... 1, et le lat. capabilis (QUICHERAT, Addenda), signifiant au propre qui peut être contenu, et, figurément, susceptible de. Notre incapable dérive de ce sens figuré, qui donne la clef de la série des sens français.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.