- impunément
- (in-pu-né-man) adv.1° Avec impunité.• On ne s'attaque point à lui [Dieu] impunément, et l'on n'échappe point au bras de sa justice, BOURD. Exhort. Crucif. et mort de J. C. t. II, p. 182.• Écrive qui voudra ; chacun à ce métier Peut perdre impunément de l'encre et du papier, BOILEAU Sat. IX..• Une impie étrangère Se baigne impunément dans le sang de nos rois, RAC. Athal. I, 1.• On ne vient point impunément dans mon empire, FÉN. Tél. I.• Il est bien dangereux d'être assez puissant pour commettre impunément l'injustice, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. I, p. 536, dans POUGENS.• Malgré la défiance de ses voisins et la supériorité de leurs forces, il [le renard] échappe à leur poursuite et emporte impunément tout ce qu'il leur a ravi, BUFF. Quadrup. t. V, p. 16, dans POUGENS.Par antiphrase. Sans recevoir punition de choses qui mériteraient récompense.• Il ne m'est plus permis de vaincre impunément, CORN. Nic. II, 3.• Pensez-vous être saint et juste impunément ?, RAC. Athal. I, 1.2° Fig. Sans dommage pour soi, sans inconvénient.• Rien ne se dit impunément devant les enfants, ROLLIN Traité des Ét. t. I, Disc. prélim. p. xxvj, dans POUGENS..• C'est le privilége du vrai génie, et surtout du génie qui ouvre une carrière, de faire impunément de grandes fautes, VOLT. Louis XIV, 32.• Cette veuve qui maniait si impunément des barres de fer rouge, VOLT. Moeurs, 45.• Avez-vous cru que je vous visse impunément ?, FAGAN Pupille, sc. 19.3° Sans en tirer vengeance.• Dans un lâche sommeil crois-tu qu'enseveli, Achille aura pour elle impunément pâli ?, RAC. Iphig. VI, 1.• Néron impunément ne sera pas jaloux, RAC. Brit. II, 2.• Ulysse impunément ne vit pas leur trépas [de ses compagnons], DELILLE Én. III.XVIe s.• Impunement icy je diray mon martyre, AM. JAMYN Poésies, p. 266, dans LACURNE.Impunément est une corruption singulière et barbare (abus autorisé de l'usage, dit Chifflet, Gramm. p. 188) de impuniement, qui se disait au XVIe siècle, et qui vient de impuni, avec le suffixe ment ; ital. impunitamente.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.