- hypocrisie
- (i-po-kri-zie) s. f.Vice qui consiste à affecter une piété, une vertu, un noble sentiment qu'on n'a pas.• Il passe pour un saint dans votre fantaisie ; Mais son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie, MOL. Tartuffe, I, 1.• Il n'y a plus de honte à cela maintenant : l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus, MOL. D. Juan, V, 2.• Que de conversions fausses ! le péché vaut encore mieux que l'hypocrisie, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, mars 1700.• L'hypocrisie.... c'est, comme on dit, un hommage que le vice rend à la vertu, VOLT. Polit. et législ. Dial. entre un mourant et un homme qui se porte bien.• L'hypocrisie est de toutes les conditions ; mais où ce vice doit-il être le plus commun, si ce n'est dans celle où les mauvaises moeurs seraient le plus scandaleuses ?, DIDEROT Claude et Néron, XL, 50.• La charlatanerie, espèce d'hypocrisie qui, née du goût pour les sciences, croît avec elles et se multiplie à mesure qu'elles se répandent, CONDORCET Duhamel..Hypocrisie de moeurs, affectation de s'indigner de tout ce qui semble porter atteinte aux moeurs, à la chasteté.• Cette hypocrisie de moeurs, vice particulier aux nations modernes de l'Europe et qui a contribué plus qu'on ne croit à détruire l'énergie de caractère qui distingue les nations antiques, CONDORCET Vie de Voltaire, p. 114.Hypocrisie se prend quelquefois dans un sens moins odieux, surtout dans le style léger, pour désigner en un moment donné l'affectation de sentiments qu'on n'éprouve pas.• Abusée par la sentimentale hypocrisie du vicomte, elle ne doutait plus du triomphe, CH. DE BERNARD un Homme sérieux, § 19.XIIe s.• Il donne, selon l'evangile, Sanz ypocrisie et sans guile, CHRESTIEN DE TROIES dans HOLLAND, Chrestien von Troies, p. 7.XIVe s.• Ypocrisie est quant la personne fait semblant par dehors qu'elle est pleine de vertus par dedens, Ménagier, I, 3.XVe s.• Donnez pour Dieu ; faictes secretement Vos aumosnes, non par ypocrisie, E. DESCH. Conseils aux dames..XVIe s.• Mais je me doubte, et à ma fantaisie, Que là estoit cachée hypocrisie, MAROT I, 276.Provenç. ypocrisia ; espagn. hipocresia ; ital. ipocrisia ; du lat. hypocrisis, qui vient d'un terme grec signifiant rôle joué, et, figurément, hypocrisie (voy. hypocrite). Le XVIe siècle avait un verbe hypocriser, faire l'hypocrite, qui est perdu.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.