- araignée
- (a-rè-gnée) s. f.1° Articulé aptère à huit pattes, qui, à l'aide d'une substance tirée de son corps, forme des fils et une toile fort minces.• Le fait des araignées qui descendent de leur toile et se tiennent suspendues tant que le son des instruments continue, et qui remontent ensuite à leur place, ne peut guère être révoqué en doute, BUFF. De l'ouïe..Fig.• Combien encore il [le duc d'Orléans] avait résolu de nous laisser dégoûter et salir par cette araignée venimeuse [Pontchartrain] que chacun souhaitait dehors, SAINT-SIMON 428, 200.Toile d'araignée. ôter les araignées.Pattes d'araignée, doigts longs et maigres.2° Terme de génie militaire. Travail par branches ou par rameaux qu'on fait sous terre, lorsqu'on rencontre quelque chose qui empêche de faire la chambre de la mine au lieu destiné, et qu'on est contraint de s'écarter par plusieurs branches, qui sont terminées chacune par de petits fourneaux.3° En termes d'astronomie, cercle de l'astrolabe, percé à jour et portant différents bras dont les extrémités marquent la position des étoiles.4° En termes de géologie, intersection plus ou moins obtuse ou aiguë des deux versants d'une chaîne de montagnes.5° En termes de marine, réseau en petit cordage.Poulies particulières destinées à recevoir les martinets ou cordages à plusieurs branches qui partent de plusieurs points différents pour se réunir à ces poulies.6° En termes de chasse, sorte de filet dont on se sert principalement pour prendre les merles.7° Technologie. Crochet de fer à plusieurs branches pour retirer les seaux d'un puits. On dit aussi araigne.8° Première soie que filent les vers à soie pour soutenir les cocons.9° Araignée de mer, petit poisson des ports de la Manche, sorte de jeune vive.XIIe s.• Dous iraignes [il] vit surdre del funz, d'une tenur [ensemble], Th. le mart. 105.XIIIe s.• S'ele est preus et bien enseignie, Ne lest entor nule iraignie Qu'el n'arde, ou rée, errache ou housse, la Rose, 13542.XVe s.• Item je laisse aux hopitaux Mes chassis tissus d'iraignée, VILLON dans MÉNAGE.XVIe s.• Gardez-vous de faire comme l'araigne, qui convertit toutes les bonnes viandes en venin, MARG. Nouv. XXXVI.• Mes armes au crochet se couvrirent d'araignes, Mes soldats par les champs voguerent sans enseignes, GARNIER Marc-Ant. III.• Puisque la seule araigne instruit chacun de nous Et du soin de l'espouse et du soin de l'espoux, DUBARTAS dans MÉNAGE.XVIIe s.• Vinrent à pas comptés comme des airignées, RÉGNIER Sat. XI.Génev. iragne, iraigne ; Berry, aragne, iragne, araigne, iraigne ; picard, araigne ; Boulogne, iraigne ; provenç. aranha, aranh, eranha ; catal. arany ; espagn. arana ; ital. aragna. L'ancien français a aragne et les formes qui en dépendent, et araignée. Aragne signifie l'animal même et vient de aránea, avec l'accent sur ra ; araignée, qui ne peut venir de aránea et qui vient de araneáta, chose faite par l'aragne, signifie toile d'araignée. La vieille langue distinguait donc l'aragne et l'araignée ; la nouvelle langue s'est appauvrie et défigurée en confondant l'ouvrière et l'oeuvre ; cette confusion paraît être venue dans le XVIe s.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREARAIGNÉE. Ajoutez :10°• Filet pour prendre les truites, autrement dit étave, CARTERON Premières chasses, Papillons et oiseaux, p. 85, Hetzel, 1866.11° Les liens pour suspendre les hamacs.• Articles de marine : pavillons sans couture, hamacs d'une seule pièce compris les araignées, Alm. Didot-Bottin, 1873, p. 2706, 3e col..12°• Nom d'une espèce de voiture, Figaro, 5 mars 1870.14° Araignée ou araigne, espèce de crabe ainsi nommé parce qu'il ressemble à une araignée, maia squinado, Glossaire aunisien, La Rochelle, 1870, p. 64.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.