- huer
- (hu-é) v. a.1° Faire des huées après le loup.Terme de pêche. Huer le poisson, le faire tomber dans les filets en poussant de grands cris.2° Fig. Pousser des cris de dérision contre quelqu'un. Il se fit huer de tout le monde.• Et bientôt vous verrez mille auteurs pointilleux.... Traiter tout noble mot de terme hasardeux, Et, dans tous vos discours, comme monstres hideux, Huer la métaphore et la métonymie, BOILEAU Épît. X..• Figurez-vous que Zaïre fut huée dès le second acte, que Sémiramis tomba tout net, qu'Oreste fut à peu près sifflé..., VOLT. Lett. Chabanon, 22 déc. 1766.Absolument.• Le public a-t-il paru approuver le trait satirique lancé contre les femmes ? - Il s'est contenté de huer, GENLIS Veillées du chât. t. III, p. 201, dans POUGENS.3° V. n. Terme de fauconnerie. Crier comme le hibou. La chouette hue.4° Se huer, v. réfl. Se huer l'un l'autre. Des deux côtés on s'insultait, on se huait.XIIe s.• Cumme fel fait il li [comme félon il lui dit] : mal traïtres, t'en vas. Sil hua Huewac tant qu'il fu près tut las, Th. le mart. 46.• Ainz [auparavant] erent [ils étaient] chevalier, or sunt vil et hué ; Riche erent ainz, or sunt chaü [tombés] en dolenté, ib. 151.XIIIe s.• Et li Commain retornerent seur els et commencierent à huer et à traire [tirer de l'arc], VILLEH. CXLIII.• Les lous [elle] ouït huller, et li huans [chat-huant] hua, Berte, XXV.• Moult tost se r'est mis à la fuie, E li vilain forment le huie, Qui moult se tient à engingnié, Ren. 2084.• Neis [même] cil qui du sien vivent le ramponent et huient ; Fols sont qui jusque lors à bien faire s'estuient, J. DE MEUNG Test. 187.• Cil gluz et laz et rois [rets] fist tendre Por les sauvages bestes prendre, Et lor huia les chiens premiers, Dont nus n'iert avant coustumiers, la Rose, 20343.• Le bon conte de Soissons en ce point là où nous estions, se moquoit à moy et me disoit : seneschal, lessons huer ceste chiennaille, JOINV. 223.XVe s.• Je crois que j'ai huy vu mon messager ; je me repens de ce que j'ai huyé et fait huier mes chiens sur lui ; fort y a, si je le vois jamais, FROISS. II, III, 22.XVIe s.• Il fut hué, dont de douleur se pasme, J. MAROT V, 239.• Le premier qui hue le lou [crie au loup] anime tous les autres pastres et paysans à faire le semblable, CARLOIX I, 44.• Là l'espieu dans la main, courageux je devance Ma chasse de vingt pas, je la tance et retance, Je la presse et la hue, allant tout à l'entour, RONS. 670.Picard, huyer, crier avec force ; wallon, houwer, huwer. Suivant Diez, c'est une onomatopée, formée de l'exclamation hu. Scheler pense que c'est la forme française du verbe dont huchar est la forme provençale (d'où le français hucher) ; et il le fait venir du latin huc, ici. Enfin il y a le kimry hwa, appeler. L'opinion de Diez est la plus vraisemblable.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.