- harpe
- harpe 1.(har-p') s. f.1° Chez les anciens Juifs, instrument de musique triangulaire et portatif avec des cordes graduellement décroissantes.• Toutes les fois que l'esprit malin envoyé du Seigneur se saisissait de Saül, David prenait sa harpe et en jouait ; et Saül en était soulagé, SACI Bible, Rois, I, XVI, 23.• Ainsi nous, quand nous donnons une harpe à David, ce n'est que par conjecture ; ils [les Juifs] avaient des instruments à huit et à dix cordes, FLEURY Moeurs des Israél. tit. XV, 2e par. p. 193, dans POUGENS..Fig. et populairement. Il est parent du roi David, et joue de la harpe, se dit d'un filou, par un jeu de mots entre harpe et harper 2.• Qu'auraient fait de plus des filous ? Tu sais donc jouer de la harpe ?, J. MOREAU Suite du Virgile travesti, XII.2° Chez les modernes, instrument de musique de forme semblable à la harpe juive, mais aussi haut que l'homme, et qui a une quarantaine de cordes. Jouer, pincer de la harpe. Un autre instrument pincé, qui, depuis cinq à six ans est fort fêté à Paris, c'est la harpe, surtout telle qu'elle est travaillée à présent, c'est-à-dire avec des pédales qui la rendent chromatique, Dict. des arts et mét. Luthier (1767).3° Harpe éolienne, instrument à cordes monté de manière à rendre des sons quand le vent vient à le frapper.• Corinne lui dit que c'étaient des harpes éoliennes que le vent faisait résonner et qu'elle avait placées dans quelques grottes du jardin, pour remplir l'atmosphère de sons aussi bien que de parfums, STAËL Corinne, VIII, 4.4° Fig. La poésie religieuse, sans doute par allusion à la harpe de David et à ses psaumes.• Ah ! si jamais ton luth [de Byron], amolli par les pleurs, Soupirait sous tes doigts l'hymne de tes douleurs..., Jamais, jamais l'écho de la céleste voûte, Jamais ces harpes d'or que Dieu lui-même écoute, Jamais des séraphins les choeurs mélodieux De plus divins accords n'auraient ravi les cieux, LAMART. Méd. I, 2.• Ma harpe fut souvent de larmes arrosée, LAMART. ib. II, 5.Harpe se dit quelquefois de la poésie en général, comme tout autre instrument de musique. Tremble, mol et faible la Harpe, Crains l'avenir où je t'attends ; Mon âpre luth vaincra ta harpe, Mes vers durs dureront longtemps, LEBRUN, Épigr. (C'est Lemierre, poëte fort dur, qui est censé parler).5° Nom vulgaire d'un poisson, la triple lyre de Linné (océan Atlantique, Méditerranée).Coquille univalve.XIIe s.• Regehissez [confessez] al segnur en harpe, en saltier de dis cordes, cantez à lui, Liber psalm. p. 39.XIIIe s.• Plus lor plaist [la nouvelle] à ouïr que harpe ne vielle, AUDEFR. LE BAST. Romancero, p. 17.XVe s.• C'estoit [certains conseils] la chançon et la herpe Dont la saincte femme le berse, E. DESCH. Miroir de mariage, p. 121.XVIe s.• David d'une harpe on decore, J. MAROT V, 300.• Aux saules verts nos harpes nous pendismes, MAROT IV, 334.Provenç. espagn. et ital. arpa ; portug. harpa ; du bas-lat. harpa, qui désignait un instrument de musique usité chez les Germains, et qui vient du germanique : anc. scand. harpa ; anglo-sax. hearpe ; anc. h. allem. harpha ; allem. mod. Harfe. Diez pense que harpa a été dit ainsi de sa forme en crochet, et que c'est le même mot que harpe 2 (voy. harper 2).————————harpe 2.(har-p') s. f.1° Terme de vénerie. La griffe d'un chien.2° Terme de construction. Harpe de fer, morceau de fer coudé, servant à relier les poteaux cormiers des pans de bois aux murs. On fait aussi des harpes de bronze.3° Terme de maçonnerie. Harpes, ou pierres d'attente, ou naissance, pierres qu'on laisse sortir hors d'un mur, pour faire liaison avec une autre muraille. On les nomme harpes parce qu'elles saisissent pour ainsi dire l'autre muraille.Se dit également des pierres qui sont dans les chaînes des murs et qui sont plus larges que celles de dessus et de dessous.4° Harpe se disait, dans l'ancienne fortification, d'une espèce de herse.XVe s.• Toutes jambes ou membrures de pierre de taille, parpeignes assis au rez de chaussée, ou en terre mitoyenne entre deux voisins, où il y a harpes faisans partemens d'une part et d'autre, c'est à sçavoir, par devers chacun de deux voisins, font borne et division de moitoyrie entre les dessusdits deux voisins, Ordonnance, 1485.Voy. HARPER 2 ; provenç. arpa, griffe.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.