- hareng
- (ha-ran ; le g ne se fait jamais sentir ; au pluriel, l's se lie : des ha-ran-z accommodés) s. m.Poisson de mer de deux à trois décimètres, qui arrive du nord en bandes innombrables et qui est un objet très considérable de pêche (clupea harangus, L. famille des clupes ou cyprinoïdes).• Lest de hareng en vrac, dix-huit barils pour lest, vingt sols, Arrêt du cons. d'État, 21 juin 1642.• Les propriétés spécifiques du hareng contre la goutte sont des brides à veaux et des illusions d'empiriques, GUI PATIN Lett. t. II, p. 162.• D'épaisses et nombreuses nuées de harengs transmigrent de l'océan Polaire sur les côtes d'Écosse et de Hollande, poursuivis par les grands poissons qui habitent les profondeurs de cet océan, BONNET Consid. corps org. Oeuv. t. VI, p. 280, dans POUGENS..Hareng blanc, hareng qui a été salé, mais non fumé.• Pour chacun baril de hareng blanc paqué en mer, dont l'on compte vingt barils pour lest, Tarif de la déclar. du 16 févr. 1635.Hareng pec, celui qui se mange cru, après avoir été dessalé.Hareng bouffi (à Dieppe), hareng légèrement fumé et salé, n'ayant pas subi la caque (ce qui fait qu'il est bouffi, non aplati) ; fort recherché des gourmets, mais ne se conservant pas.Harengs fonciers, harengs francs, ceux qui ne voyagent pas.Harengs pleins, ceux qui n'ont pas encore frayé.Harengs boussards ou à la bourse, ceux qui sont en train de frayer.Harengs gais, ceux qui ont lâché leur laitance ou leurs oeufs depuis longtemps. On trouve aussi harengs guais.Mouler le hareng, le presser fortement entre les doigts pour en détacher les corps étrangers et en ôter les écailles.Être rangés, serrés, pressés comme des harengs en caque, ou, simplement, comme des harengs, se dit de personnes ou de choses rangées et pressées l'une contre l'autre.Il est maigre comme un hareng soret, comme un hareng sor, se dit d'une personne très maigre.C'est un homme qui vit d'un hareng, se dit d'un homme qui mange peu, qui vit sobrement.Journée des harengs, combat qui eut lieu près de Rouvrai (1429) et dans lequel le comte de Clermont fut défait par les Anglais.PROVERBESOn vend au marché plus de harengs que de soles, c'est-à-dire on a un plus prompt débit des choses communes que des choses précieuses.La caque sent toujours le hareng, voy. caque.XIIIe s.• Quiconques ameine harenc à Paris pour vendre en charreite ou à soumier, il convient que le harenc soit tout d'une suite, Liv. des mét. 270.• Et le harenc sor et blanc et gisant doit quatre deniers de halage, et deux deniers du millier, ib. 273.• Harenz frès orent à plenté, Ren. 775.XVe s.• Le hareng bientost pert la vie, Quant il se sent hors de la mer ; De mesme je ne puis durer Lorsque la boisson m'est faillie, BASSELIN XXI.XVIe s.• Voyez si ce meschant sceyt desguyser le haranc-sor [trame, complot], CARLOIX VI, 23.• Vos enfans auront l'esprit ordinairement tendu à la boutique, finesses et interests ; car la poche sent toujours le hareng, NOEL DUFAIL Cont. d'Eutrapel, ch. I, f° 14, dans POUGENS.Picard, héring ; provenç. arenc ; esp. arenque ; ital. aringa ; de l'anc. haut allem. harinc ; all. mod. Hering ; holl. haring. Mais, bien que les mots romans viennent de l'allemand, l'allemand n'en a pas moins une origine latine, à savoir halec, poisson salé ; de sorte que, pour entrer dans les langues romanes, un mot latin a passé par la filière germanique.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREHARENG. Ajoutez :• Hareng de trois nuits, hareng qui a passé trois nuits à bord du bateau de pêche et auquel, d'après les règlements, il n'est permis de donner que la préparation du bouffissage, J. DELAHAIS Notice hist. sur l'écorage, Dieppe, 1873, p. 64.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.