- happer
- (ha-pé) v. a.1° Attraper, saisir, surprendre à l'improviste.• Maint estafier accourt : on vous happe notre homme, On vous l'échine, on vous l'assomme, LA FONT. Fabl. XII, 22.• Si je n'avais fait le brave, ils n'auraient pas manqué de me happer, MOL. Mal. imag. 1er interm. 6.• Il laisse ma tante, il me happe, Il m'enlève comme un moineau, Et va me vendre à son satrape, VOLT. Trois manières..Absolument.• Respectons les gens du roi ou les gens de l'empereur qui happent au nom du roi, P. L. COUR. Lettre III.Fig.• N'avons-nous pas assez des autres accidents Qui nous viennent happer en dépit de nos dents ?, MOL. Sgan. XVII.2° Particulièrement. Prendre avidement, en parlant du chien et d'autres animaux qui saisissent quelque chose.• À ces mots, le premier il [le chien] vous happe un morceau, LA FONT. Fabl. VIII, 7.• Mon galant [le loup] ne songeait qu'à bien prendre son temps, Afin de happer son malade, LA FONT. ib. V, 8.3° V. n. Happer à la langue, s'y attacher, se dit des substances qui s'y collent quand on les essaye.• Elle se présente comme une terre bolaire qui happe à la langue et qui est grasse au toucher, BUFF. Min. t. III, p. 141.Se dit aussi de l'adhérence des feuilles d'or sur diverses surfaces.HAPPER, ATTRAPER. Happer, c'est saisir à l'improviste ; attraper, c'est prendre comme dans un piége. Un sergent de ville happa le voleur qui fuyait ; la police a attrapé un malfaiteur qui s'était évadé du bagne.XIIIe s.• Il estoit plaideour moult grant, Sage et gaillart : On l'apeloit Martin Hapart ; Il hapoit de chascune part, M. Hapart, dans JUBINAL, II, 202.• Et cil de Moiemer hapoient qu'onques il lor venoit deviers Rains, Chr. de Rains, 186.• Quant Renart choisi [vit] chantecler, Il le vodra, s'il puet, haper, Ren. 1544.• Or est Renart en male trape, Que li chien durement le hape, ib. 2070.• Ele [la vieille caille] a bien autres rois [filets] veüs Dont el s'ert espoir eschapée, Quant ele i dust estre hapée Par entre les herbes petites, la Rose, 21778.XIVe s.• Car quant telx gens se doubtent d'estre sovant mué, Happent, praignent et toillent [ravissent], c'est pillié, c'est tué, Girart de Ross. V. 2911.• Comment porroit Bernesque [une ville] estre prise et happée Par la force d'assaut, et sur une journée ?, Guesclin. 8383.XVe s.• Philippe, dit Pietre du Bois, qui happa la parole, FROISS. II, II, 102.• Chascun qui puet [peut] prent, hape et pique, Pour avoir grant estat et mise, E. DESCH. Poésies mss. f° 337.• D'autres se mirent aux embusches pour happer quelque prisonnier ou autre butin, COMM. V, 8.Happer est ou le hollandais happen, mordre, dont le sens convient très bien, ou, simplement, une onomatopée tirée du bruit de la bouche qui saisit, qui happe.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREHAPPER. - HIST.XIVe s. Ajoutez :• Parmi cestes paroles furent si enflammez et hapez leurs courages, que tous les jeunes hommes quicunques estoient requis de prendre armes se fesoient escrire, BERCHEURE f° 94, verso..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.