- hagard
- hagard, arde(ha-gar, gar-d') adj.1° Terme de fauconnerie. Faucon hagard, faucon qui a été pris après plus d'une mue et qui ne s'apprivoise pas aisément.• L'on appelle les vieux faucons, hagards, qui ont beaucoup plus de blanc que les jeunes, BUFF. Ois. t. II, p. 9.Se dit aussi des autres oiseaux.2° Fig. Qui a l'air farouche et sauvage comme ces faucons.• C'est [Boot, médecin anglais] un homme hagard, superbe et presque insupportable, qui se pique de grande science de chimie, de philosophie nouvelle non péripatétique et de politique, GUI PATIN Lett. t. II, p. 30.• Et le barreau n'a point de monstres si hagards, Dont mon oeil n'ait cent fois soutenu les regards, BOILEAU Lutrin, III.Il se dit, dans un sens analogue, du visage, du regard, etc.• Crispin : Ce qui m'en plaît, monsieur, sa folie est gaillarde. - Albert : Elle a les yeux troublés et la mine hagarde, REGNARD Folies am. II, 7.• C'était [Thyus] un grand homme, d'une haute taille, d'un visage hagard et terrible, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 336, dans POUGENS.• Le tigre, trop long de corps, trop bas sur ses jambes, les yeux hagards, la langue couleur de sang, BUFF. Quadrup. t. III, p. 241.• Tantôt d'un insensé, dans mes accès fougueux, J'imitais l'oeil hagard et le sourire affreux, C. DELAV. Vêpres sicil. I, 1.XIVe s.• Esprevier hagart est celluy qui est de mue de hayes, Ménagier, III, 1.XVe s.• Ne soyons point si vilains et hagards Que de laissier ce bon vin aulx souldars Qui nous font tant d'outraige, BASSELIN Vau de Vire, 52.XVIe s.• Oyseaux aguars, peregrins, essors, rapineux, RAB. IV, 47.• Ayant les lettres d'elles mesmes ceste proprieté de façonner et civiliser les hommes, tant hagards et barbares soient ils, DU VERDIER Biblioth. p. 111, dans LACURNE.• L'habitude de l'air produit quand et soy les esprits plus doux ou plus hagards, PASQUIER Lettres, t. I, p 405.Angl. hagard. Les étymologistes anglais disent le mot anglais venu du français. Diez en propose deux étymologies : 1° vieux angl. hauke, aujourd'hui hawk, faucon, avec le suffixe péjoratif ard ; 2° le scandinave hak-r, tête chaude, avec le même suffixe. Huet avait proposé l'allemand Hag, bas-latin haga (d'où haie), lieu propre à rendre fier celui qui l'a pour défense ; l'explication est mauvaise, mais l'étymologie est bonne, car un auteur du XIVe siècle dit que le faucon hagard est celui qui est de mye de haie.• C'est dans le sens de oiseau hagard qu'on trouve muier de haie : N'est mestiers c'om m'apaie [apaise] Par tels discours ; ne sui muiers de haie, Poésies mss. avant 1300, t. II, p. 829, dans LACURNE.Le faucon hagard est le faucon qui mue de haie, c'est-à-dire dans les haies, et non en domesticité.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.