- habituer
- (a-bi-tu-é) v. a.1° Faire prendre l'habitude. Habituer les jeunes gens à la fatigue. Habituer les enfants à obéir.Avec la préposition de et un verbe à l'infinitif.• Souvent ce souffle pur dont l'homme est animé.... Redoute un autre ciel, et ne veut plus nous suivre Loin des lieux où le temps l'habitua de vivre, A. CHÉN. Él. VI.2° S'habituer, v. réfl. Prendre l'habitude. S'habituer au travail, à supporter la fatigue.• Mais, lorsqu'à la chercher [la rime] d'abord on s'évertue, L'esprit à la trouver aisément s'habitue, BOILEAU Art p. I.3° S'habituer, s'établir dans une colonie, dans un pays (sens qui commence à vieillir). Ceux qui allèrent s'habituer au Canada furent, en grande partie, des Normands.• Depuis que les Espagnols se sont habitués au Pérou et au Chili, on en a tiré une immense quantité de cuivre, BUFF. Min. t. V, p. 146.XIVe s.• Adont ala Henris sez frerez adouber, Il meïsmez aussi s'ala il enarmer ; Et quant il vit ses frerez ainsi habituer [s'habiller]...., Hugues Capet, v. 2310.• Celui qui est habitué en vertu, ORESME Eth. 88.XVe s.• On se pourroit bien esmerveiller en pays lointain et estrange du noble royaume de France, comment il est situé et habitué de cités, de villes et de chastels si très grand foison que sans nombre, FROISS. II, III, 24.• Le roy fit departir le tournoy et crier que tous chevaliers d'honneur venissent au bancquet au franc palais ; après ce cry tous chevaliers se retrayrent en leurs logis eulx desarmer et habituer de nobles vestements, Perceforest, t. III, f° 124.XVIe s.• Il y avoit grande presse pour achepter des maisons à Theonville et s'y habituer, CARL. VII, 16.• Il traitoit tout de mesme les autres, excepté un estranger, qui s'estoit venu habituer à Athenes, AMYOT Alc. 8.Provenç. et espagn. habituar ; ital. abituare ; du lat. habituare, de habitus, manière d'être (voy. habit).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.