- guignon
- (ghi-gnon) s. m.Mauvaise chance, principalement au jeu.• C'est, malheureuse, toi qui me portes guignon, RÉGNIER Sat. XI.• Mais certes jamais un guignon N'arrive sans son compagnon, SCARRON Virg. II.• Ne croyez point, ma fille, que depuis trois mois vous ayez été en guignon ; je commence par le gain de votre procès...., SÉV. 491.• Ce n'est pas sans un extrême chagrin que je vois ce guignon sur vous et sur lui, SÉV. Lett. 15 nov. 1684.• Le coeur me dit que votre guignon [au jeu] ne changera pas, HAMILT. Gramm. 3.• Oh ! j'ai toujours eu du guignon dans les rencontres, MARIVAUX Doubl. inconst. II, 11.• Ma foi, c'est jouer de guignon, il en faut convenir, GENLIS Théât. d'éduc. le Magistrat, II, 1.• Vous repartirez sans doute la veille de mon retour ; ce guignon-là, j'espère, ne me durera pas toujours, P. L. COUR. Lett. I, 379.Guignon guignonnant, sorte de génie malfaisant employé dans les contes d'enfant pour signifier ou expliquer des contrariétés successives.XVIe s.• Chercher guignon, OUDIN Curios. fr..• Porter guignon, OUDIN ib..Esp. guiñon, signe de l'oeil. Guignon vient de guigner, et se rapporte à quelque idée du mauvais oeil qui ensorcelle, porte guignon.• Cependant on trouve aussi guillon : Là vint un postillon Qui m'aportoit guillon, Me suivant à la trace, à la seule parole D'une femme trop folle ; Maudite soit sa race !, MAROT II, 162.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREGUIGNON. - ÉTYM. Ajoutez : M. Hensleigh Wedgwood, Transactions of the philological Society, 1873-1874, 3e part. p. 328, ne croit pas que guignon dérive du verbe guigner. Il y a un vieux mot anglais wanion, qui signifie male chance, mauvais présage. Il pense que c'est à wanion qu'il faut rattacher le franç. guignon. L'objection est que les intermédiaires font défaut.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.