- grimace
- (gri-ma-s') s. f.1° Contorsion du visage faite involontairement ou volontairement et à dessein.• Vous n'avez que faire de hocher la tête et de me faire la grimace, MOL. G. Dand. II, 3.• On ne conçoit la mort que sous l'idée de la grimace d'un homme mourant, sans y voir rien de ce qui l'accompagne, NICOLE Ess. mor. 3e traité, chap. 3.• Son visage faisait des grimaces hideuses, FÉN. Tél. VIII.Fig. Faire la grimace, témoigner son déplaisir.• Je fis une grimace intérieure, et je les laissai croire ce qui devrait être, SÉV. 603.• Quand ce ne serait que pour faire faire la grimace à Roi, et enlaidir encore le vilain, VOLT. Lett. d'Argental, 29 juill. 1749.• Un sauvage boit du vin, il fait la grimace, J. J. ROUSS. Ém. II.Fig. Faire la grimace à quelqu'un, lui faire mauvais accueil, mauvaise mine.• Une grimace, une parole de chagrin nous mettent en colère, et nous nous préparons à les repousser comme si c'était quelque chose de bien redoutable, NICOLE Ess. mor. 1er traité, chap. 11.• La comédienne [une maîtresse de Charles Il] est aussi fière que la duchesse de Portsmouth [autre maîtresse] ; elle la morgue, lui fait la grimace, elle l'attaque, SÉV. 11 sept. 1675.• On ne pouvait l'apaiser [la future de la Vrillière], ni la faire taire, ni faire qu'elle ne fit pas la grimace à la Vrillière, SAINT-SIMON 77, 261.Fig. et familièrement. Faire la grimace, en parlant des vêtements, faire de mauvais plis.2° Fig. Feinte, dissimulation.• Tout le secret ne gît qu'en un peu de grimace, CORN. le Ment. I, 6.• Je dis franc ma pensée, et je fuis la grimace, HAUTEROCHE Crispin mus. II, 1.• Quoi ! parce qu'un fripon vous dupe avec audace Sous le pompeux éclat d'une austère grimace, Vous voulez que partout on soit fait comme lui ?, MOL. Tart. V, 1.• À votre avis, mes pères, est-ce par grimace et par feinte que les juges chrétiens ont établi ce règlement ?, PASC. Prov. 14.• Le repentir que vous attendez n'est qu'une grimace ; la douleur que vous espérez, une illusion et une chimère, BOSSUET 2e serm. Divinité de la relig. 3.• Eh quoi ! le Dieu des chrétiens est-ce un Dieu qui se paye de vaines grimaces, ou qui se laisse corrompre par les présents ?, BOSSUET Panég. St Victor, 1.• Qu'il [Dieu] soit servi de bonne foi ou par pure grimace, ce n'est pas une affaire qui vous regarde, MASS. Carême, Injust. du monde..• Ne traitez-vous pas leur piété de chimère et de grimace ?, MASS. Carême, Évid. de la loi..• Où la gaîté n'est que grimace, Où le plaisir n'est que du bruit, FAVART Ninette, II, 8.Au plur. Manières affectées.• L'honnêteté d'une femme n'est pas dans les grimaces ; il sied mal de vouloir être plus sage que celles qui sont sages, MOL. Critique, 3.• Le Tartuffe met en vue les grimaces étudiées des hypocrites, MOL. Tart. 2e placet..• Au travers de toutes vos grimaces, j'ai vu la vérité de ce que l'on m'a dit et le peu de respect que vous avez pour le noeud qui nous joint, MOL. G. Dand. II, 3.3° Boîte à pains à cacheter dont le dessus est une pelote pour ficher des épingles.• C'est un petit trousseau complet ; et puis par-dessus le marché voici une jolie grimace, ouvrons-la, GENLIS Veillées du château t. II, p. 206, dans POUGENS.4° Coquillage de mer.XIVe s.• Les Franczois les firent viser, Affin qu'il peussent s'aviser De les combattre en celle place ; Jehan leur fist une grimace, Liv. du bon Jehan, 2217.XVIe s.• Sur cette humeur d'une gravité et grimace paternelle, MONT. II, 82.Berry, migrace ; espagn. grimazo, posture extraordinaire dans un tableau. Diez le tire, non très affirmativement, de l'anglo-saxon grima, masque, fantôme. Scheler préfère l'ancien h. allem. grim, furieux, colère, qui a donné le prov. grim, affligé, grimar, affliger. Grimace paraît tenir à l'italien grimo, ridé (voy. grime), et signifierait proprement grosse ride, vilaine ride.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREGRIMACE. - HIST. Ajoutez :XIIIe s.• Mais ainc mais tel vilain ne vi, Com je voi illeuc à destre ; De chele cocue grimuche, Et de che vilain à l'aumuche Me devisés que che puet estre, Théâtre au moyen âge, Paris, 1834, p. 177.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.