- greffe
- greffe 1.(grè-f') s. m.1° Le lieu d'un tribunal où l'on dépose les minutes des actes de procédure, et où se font certaines déclarations, certains dépôts. Mettre un arrêt au greffe pour l'expédier. Produire au greffe. Mettre sa production au greffe. Droit de greffe.• La famille en pâlit, et vit en frémissant Dans la poudre du greffe un poëte naissant, BOILEAU Épître v..Fig.• Le Mercure me paraît le greffe où cette lettre doit être déposée, VOLT. Lett. La Harpe, 10 avril 1773.2° Anciennement, droits, émoluments qu'on tirait du greffe. Avoir les greffes de tel lieu.Greffe du gros, greffe où l'on expédiait les grosses.Grefe était un mot très usité dans l'ancienne langue et signifiant poinçon à écrire. De la signification de poinçon à écrire, on a passé à celle de lieu où l'on écrit, où l'on conserve ce qui est écrit. Grefe vient du latin graphium, poinçon à écrire, qui est le grec, écrire.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. GREFFE, s. m. Ajoutez : - HIST. XIVe s.• Que Lievins A-la-Tache et Philippe La Barbe, nos compaignons, greffiers à present de nostredit eschevinage, aident et confortent ledit Lambert.... à cause de l'office dudit graiffe (1378), VARIN Arch. administr. de la ville de Reims, t. III, p. 464.————————greffe 2.(grè-f') s. f.1° Opération par laquelle on ente sur un arbre une petite branche, un oeil emprunté à un autre arbre, afin que la fleur ou le fruit de celui-ci soit porté sur celui-là.• Celui qui, avant l'invention de la greffe, aurait affirmé que les arbres ne peuvent jamais porter que des fruits de leur espèce, n'aurait avancé qu'une erreur, VOLT. Phil. Newt. singul. nat..• Avoir trouvé le moyen de multiplier par la greffe ces individus précieux qui, malheureusement, ne peuvent faire une lignée aussi noble qu'eux, ni propager par eux-mêmes leurs excellentes qualités, BUFF. 7e époq. nat. Oeuvres, t. XII, p. 360.Greffe par approche, celle qui consiste à mettre à nu, sur les deux parties correspondantes, les couches du liber et la surface de l'aubier, à rapprocher les deux individus et à les maintenir en contact à l'aide de matières agglutinatives ou de ligatures ; puis, lorsque la soudure est opérée, à couper au-dessous de ce point celui des deux individus que l'on a voulu greffer.Greffe par rameaux ou scions, celle dans laquelle, coupant transversalement le sujet, et y faisant à la partie supérieure une petite entaille ou fente, on y introduit la base du rameau amincie en biseau.Greffe en fente, la même que la greffe par rameaux ou scions.Greffe en couronne, celle dans laquelle on place plusieurs rameaux ou scions autour du sujet, de manière à leur faire simuler une couronne.Greffe par bourgeons, dite aussi greffe en écusson, et, suivant l'époque, greffe à oeil poussant ou oeil dormant, greffe dans laquelle, enlevant, sur une branche de la plante à greffer, un petit disque d'écorce portant à son centre un oeil ou bourgeon latent, et enlevant sur le sujet un disque semblable, on substitue le premier disque au second.Greffes en flûte, en sifflet, en anneau, greffes qui se font par le transport d'un anneau d'écorce muni d'un bourgeon.2° Jeune tige ou portion d'écorce pourvue d'un ou de plusieurs bourgeons qu'on transporte sur un autre individu, à l'effet de réunir et de confondre en une seule plante ces deux végétaux d'abord séparés.• Une greffe est une sorte de bouture plantée dans un tronc vivant, BONNET Consid. corps org. Oeuv. t. v. p. 432, dans POUGENS..• Le suc nourricier passe alternativement du sujet dans la greffe, de la greffe dans le sujet, BONNET Us. feuilles plant. 5e mém..• M. Duhamel avait observé que la greffe ne s'attache point sur la branche qui la porte comme les plantes parasites sur l'arbre dont elles tirent leur nourriture ; qu'elle fait un même corps avec le sujet ; que leurs organes ont entre eux une véritable continuité, CONDORCET Duhamel..Greffe animale, nom que l'on donne à des parties d'animaux qu'on a insérées sur des animaux vivants.• On voit ici [l'implantation de l'ergot dans la crête d'un coq] l'exemple d'une véritable greffe animale qui, comme celle des végétaux, exige que les parties qui s'unissent soient douées chacune d'une force vitale, CONDORCET Duhamel..XIIIe s.• Quant est racine de bone ente, Droiz est bien ke li fruz s'en sente ; Bon greife quant de bon cep crest, Li bons fruz par raisun en nest, Édouard le confesseur, V. 97.XVIe s.• Une ente est bien mal faite Du greffe en un bois sec, YVER p. 575.• Ainsi en y mettant de bons greffes, on se peuple des meilleures races de raisins qu'on puisse choisir, O. DE SERRES 177.Comme on voit dans l'historique, le greffe servait à greffer ; et le greffe se disait aussi de ce que nous disons la greffe ; c'est donc le même mot que l'ancien français grefe, poinçon (voy. greffe 1, à l'étymologie). Pic. graveuse, greffe ; wallon, grèfon.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE2. GREFFE, s. f. Ajoutez :Greffe sur genoux, la même que la greffe en fente ou en demi-fente, dite ainsi parce que, les sujets étant retirés du sol, on peut les greffer étant assis et, par conséquent, sur les genoux.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.