- gentil
- gentil 1.(jan-ti ; l'l ne se prononce jamais ; au pluriel, l's se lie : les jan-ti-z et leur apôtre) s. m.Il se dit des anciens polythéistes, par opposition aux Juifs et aux Chrétiens. C'était un gentil.• Nous avons été baptisés dans le même esprit, pour n'être tous ensemble qu'un même corps, soit juifs ou gentils, soit esclaves ou libres, SACI Bible, St Paul, 1re épît. aux Corinth. XII, 13.• Voyez ces serpents, voyez ces reptiles et ces autres animaux immondes, qui vous sont présentés du ciel ; c'est les gentils, peuple immonde, et peuple qui n'est pas peuple, BOSSUET Serm. vérité de l'Église, 1.• En cette promesse était enfermée la venue du Messie tant de fois prédit à nos pères, mais toujours prédit comme celui qui devait être le sauveur de tous les gentils et de tous les peuples du monde, BOSSUET Hist. II, 2.• Il [saint Pierre] en avait déjà pris le gouvernement [de l'Église], quand saint Paul lui dit en face qu'il ne marchait pas droitement selon l'Évangile, parce qu'en s'éloignant trop des gentils convertis, il mettait quelque espèce de division dans l'Église, BOSSUET Sermons, Unité de l'Église, 1.• C'était un gentil, mais tout gentil qu'il était, il avait de la religion, BOURD. 4e dim. apr. la Pentec. Dominic. t. II, p. 417.• Les Israélites ne s'éloignaient pas également de toutes sortes d'étrangers, quoiqu'ils les comprissent tous sous le nom de goïm ou gentils, FLEURY Moeurs des Israél titre XIII, 2e partie, p. 149, dans POUGENS..L'Apôtre des gentils, saint Paul. On dit de même : le docteur des gentils.• La figure de ce monde passe, poursuivait le docteur des gentils, BOURD. 2e dim. après l'Épiphanie, Dominic. t. I, p. 106.Adj. Né d'un père gentil et d'une mère chrétienne.L'Académie ne donne gentil que comme masculin, soit substantif, soit adjectif. Mais rien n'empêche de dire, substantivement, une gentile, et, adjectivement, une mère gentile.GENTILS, PAÏENS. Païens est plus compréhensif que gentils. Païens se dit non-seulement des païens de Rome, de la Grèce, de l'Égypte et en un mot des anciens païens, il se dit aussi des peuples qui encore aujourd'hui appartiennent au polythéisme ; au lieu que gentils ne se dit que des païens contemporains des apôtres et des premiers siècles du christianisme.XVIe s.• Resource des petis, Lumiere des gentils, Et d'Israel la gloire, MAROT IV, 340.Lat. gentilis, de gens, nation (voy. gent 1). Les juifs disaient les nations, en grec, pour signifier les peuples étrangers à leur culte ; à leur imitation les chrétiens latins ont appelé gentiles ceux qui n'appartenaient pas à la religion chrétienne.————————gentil, ille 2.(jan-ti, ti-ll' ; au masculin, l'l ne se prononce pas, excepté devant une voyelle, et alors elle se mouille ; un gen-ti-ll enfant ; au pluriel, i's se lie : de gen-ti-z oiseaux ; au féminin, ll sont mouillées : jan-ti-ll') adj.1° Dans le style archaïque, le gentil pays de France, le noble pays de France.• Averti des tournois qui se préparaient au gentil pays de France, il [le chevalier] se rendait au rendez-vous des braves, CHATEAUB. Génie, IV, V, 4.Il se dit quelquefois en un sens analogue pour délicat, généreux. C'est un gentil procédé.• Voyez comme je suis gentille ; gentille, ce n'est pas peu dire ; car vous saurez qu'à Villefranche, en Beaujolais, on entend par cette expression appliquée à une dame, idem masculinée pour un homme, la pratique du bien, l'amour du travail, l'intelligence, l'activité ; ainsi vous êtes un homme gentil, si vous faites bien votre devoir de citoyen, de magistrat, et ainsi de suite, Mme ROLAND Lett. à Bosc, 3 oct. 1787.2° Par extension, joli, mignon, qui plaît, en parlant des personnes (l'idée de bonne race, qui est le sens propre de gentil, ayant amené celle d'agrément, d'élégance). Gentil cavalier.• Le genre de ses poésies avait bien pu dans sa jeunesse lui mériter le surnom de gentil [gentil Bernard] ; mais il n'était rien moins que gentil quand je l'ai connu, MARMONTEL Mém. VI.Substantivement. Faire le gentil, affecter des manières agréables.• J'eus le bon sens de ne vouloir pas faire le gentil malgré Minerve, et je me tus, J. J. ROUSS. Confess. VII.Il se dit ironiquement des gens qu'on veut traiter en impertinents ou en ridicules. Je vous trouve gentil. Vous êtes un gentil garçon, un gentil compagnon.• Certes pour un amant la fleurette est mignonne, Et vous me traitez là de gentille personne, MOL. Mis. II, 1.3° Il se dit des choses au sens de joli, mignon. Ce bijou est gentil. Une chanson fort gentille.• Il me disait des mots les plus gentils du monde, MOL. Éc. des f. II, 6.• Le roi, dit l'autre, a daigné lui sourire, Même a trouvé ses vers assez gentils, BÉRANG. IN-8°..Cela passe le gentil, se dit d'une chose grande et belle ; cette locution vieillit.Ironiquement. Vous faites là un gentil personnage, un gentil métier, vous faites là un vilain personnage, un vilain métier. On dit dans un sens analogue : c'est gentil ; voilà qui est gentil.4° Bois gentil, nom vulgaire du daphne mezereum, dit garou des bois.XIe s.• Il prist muiler [femme] vailante et honurede, Des melz gentils de tute la contrethe, St Alexis, IV.• Dist Blancandrins : Franc sont moult gentil home, Ch. de Rol. XXVII.• Et il les plore com chevalier gentil, ib. CXXXVIII.XIIe s.• Vous, dame, doit-il membrer Qu'en gentil cuer [coeur] doit-on trouver Merci, Couci, IV.XIIIe s.• Ah ! gentis rois, quant Diex vous fist croiser, Toute Egypte doutoit vostre renon, QUESNES Romancero, p. 100.• Bien [elle] semble gentis femme et sans nul mauvais art, Berte, XXII.• Il savoit bien que c'estoit la plus gentius feme de la chrestienté et la plus riche, Chron. de Rains, p. 5.• Ge respons que nus n'est gentis, S'il n'est as vertus ententis, la Rose, 18815.• Tant est la dame gentil tant comme ele est mariée à gentis, tant soit ele departie de li, tant com ele ne se marie à plus bas, Liv. de just. 66.• ....Comme de gentix gens ou d'ommes de religion qui portent seaus, BEAUMANOIR XII, 9.XIVe s.• Si dist à Bauduin : or n'alés desprisant Nostre gentil mestier : chavetier sont vaillant, Et che bovent le vin comme plus souffisant, Baud. de Seb. XII, 229.• Le faucon gentils est de plus deliée maille que nul, et a les piés jaunes, Ménagier, III, 2.XVe s.• Gentil de cuer, FROISS. I, I, 221.• Si sont depuis venus les habitants du royaulme, gentils et villains, qui s'en estoient fuiz, Perceforest, t. II, f° 70.• Du gentil au vilain est trop mauvaise la meslée, ib. f° 110.XVIe s.• Les deux Grebans au bien resonnant stile, Octavian à la veine gentile, MAROT III, 305.• Clerz et layz, nobles et gentilz Sont de nous deux [Adam et Eve] filles et filz, MAROT IV, 347.• Il avoit le cueur si gentil, qu'il taschoit à faire tout ce que son pere luy monstroit, AMYOT Caton, 42.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.