- garenne
- (ga-rè-n'. Au XVIIe siècle plusieurs prononçaient ga-ra-n' : C'est où Flore et Pomone entretiennent Diane, Qui se vient délasser dedans cette garanne, CORN., Poés. div. Presbyt. d'Hénone. Ménage met en garde contre cette prononciation, qui était sans doute la prononciation ancienne) s. f.1° Proprement et anciennement, défense de pêcher dans une rivière, de chasser dans un bois. On ne peut tenir rivière en garenne s'il n'y a titre ou prescription suffisante, Cout. du Nivernois, ch. 16, art. 1.2° Par passage du sens de droits prohibitifs aux lieux qui en étaient l'objet, lieu particulier près du château que le seigneur faisait garder avec plus de soin.• Garenne à bois et à eau, étangs et forêts, appartient au fils aîné pour son préciput et droit d'aînesse, Coust. gén. t. II, p. 180.3° Plus particulièrement encore, lieu à la campagne planté d'arbres, où il y a des lapins et où on a soin de les conserver.• Un chat était entré dans une garenne peuplée de lapins, FÉN t. XIX, p. 51.• Le lapin de garenne semble savoir qu'il n'est pas logé et il se loge ; les lapins de clapiers dont on peuple les garennes, se gîtent comme le lièvre ; mais, au bout de quelques générations, ils commencent à se faire des terriers, BONNET Contempl. nat. II, 30.Lapin de garenne, se dit, comme meilleur à manger, par opposition à lapin de clapier ou de choux.Fig. Celui-là est de garenne [par allusion aux lapins de garenne], se dit d'un conte ou d'un trait d'esprit dont on raille.Garenne forcée ou garenne privée, petit lieu clos de murailles ou de fossés pleins d'eau, où l'on met et élève des lapins.4° Lieu de garde, de réserve pour certains animaux.• ....Que les seigneurs s'y attribuaient la pêche, qu'on y formait des garennes à cygnes et des pêcheries, ROBIN Mémoire sur les marais de Cléville, Calvados, 1781, p. 22.Garenne à poisson, espèce de réservoir que l'on fait dans les rivières ou étangs.XIIIe s.• Tant se haste et tant s'esploite, Tant chevauche bois et garane, Qu'il est venuz à Theroane, Ren. 18215.• Aucunes gens cuident que cil qui sunt pris emblant connins ou autres grosses bestes savages en autrui garennes anciennes, ne soient pas pendables ; mes si sunt, quant il sunt pris par nuit, BEAUMANOIR XXX, 105.XIVe s.• Qui est trouvé tendant aux perdrix en païs de garenne, il chet en amende de dix livres, et le harnas perdu, BOUTEILLER Somme rural, II, titre 40.XVe s.• Les escumeurs d'Affrique.... faisoient de la ville d'Affrique leur warenne et font encore, FROISS. III, IV, 13.XVIe s.• Estangs et rivieres portant garennes et aussi garennes sont defendues, et qui y chasse ou pesche sera puni comme de larrecin, Coust. génér. t. I, p. 919.Berry, varenne, terre sablonneuse ; picard, varenne ; provenç. garuna, varena ; bas-lat. warenna ; du même radical que garer (garenne signifiant proprement un lieu réservé, défendu), avec un suffixe irrégulier.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREGARENNE. Ajoutez :5° Tabacs en garenne, tabacs en entrepôt.• Il faut distinguer les excédants et les déchets sur le tabac expédié en garenne, d'avec les excédants et déchets sur le tabac que l'entreposeur reçoit et délivre en boîtes et en paquets, ou par nombre de rôles et de cigares, Circulaire des contrib. indirectes, 26 sept. 1820, n° 31.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.