- fétiche
- (fé-ti-ch') s. m.1° Objet naturel, animal divinisé, bois, pierre, idole grossière qu'adorent les nègres des côtes occidentales de l'Afrique et même de l'intérieur des terres jusqu'en Nubie.• Lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère, VOLT. Cand. 19.• Les Mexicains invoquaient des puissances subalternes, comme les autres nations en ont invoqué sous les noms de génies, de camis, de manitous, d'anges, de fétiches, RAYNAL Hist. phil. VI, 10.Fig. C'est son fétiche, c'est la personne pour laquelle il a le plus de vénération.Adj. Les dieux fétiches. Du culte des dieux fétiches, Titre d'un ouvrage du président DE BROSSES, en 1760.2° Poisson d'Afrique qui paraît être du genre squale, et auquel est rendu un culte religieux.Portug. fetisso, objet féé, enchanté (voy. fée).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREFÉTICHE. Ajoutez :3° En Afrique, cérémonie religieuse pour rendre favorable un voyage.• Le 9, nos hommes font un grand fétiche, et nous ne partons qu'à midi, Journ. offic. 9 fév. 1877, p. 1027, 2e col..Ajoutez : M. Monro (la Philosophie positive, t. VI, p. 221) a critiqué la dérivation par laquelle le Dictionnaire a rattaché le port. feitiço à fée. Avec raison ; le port. feitiço, espagn. hechizo, conduisent non à fada, fée, mais à factum, factitium, représentent l'anc. franç. faitis, faitisse, et signifient proprement factice. Mais, en portugais, feitiço a pris, substantivement, le sens de charme, sortilége, feiticero, sorcier. C'est de là que provient la dénomination de feitiço, fétiche, pour les objets qu'adorent les nègres.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.