- frétiller
- (fré-ti-llé, ll mouillées, et non fréti-yé) v. n.Se remuer par des mouvements vifs et courts. Cette carpe frétille encore.• Je suis même trompé, si sous sa jupe bleue [d'un esprit] Je n'ai point vu deux fois frétiller une queue, HAUTEROCHE Esprit follet, IV, 4.• Je sentis fretiller le bonhomme Richelieu, qui me demanda si cela serait long, SAINT-SIMON 343, 246.Familièrement. Les pieds lui frétillent, se dit d'un homme qui a impatience de s'en aller.La langue me frétille, j'ai grande envie de parler.Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.XIVe s.• Icelle femme doubte que son mary ne le veuille pas ainsi, si n'en dure ou pose, et fretille et fremie...., Ménagier, I, 6.• Un cheval qui soit paisible au chevauchier, sans fretillier ne tournoier, ib. III, 2.XVe s.• ....Une estincelle [je] Sent sous la mamelle Qui m'art [brûle] et fretelle, FROISS. Poésies mss. f° 243, dans LACURNE.• Quant me souvient des bons jours.... De dueil li corps me fretille, EUST. DESCH. Poésies mss. f° 70.• Toujours dans le vin vermeil On voit un petit soleil Qui fretille et rayonne, BASSELIN X..XVIe s.• .... Que les estrangers qui ouvroyent les yeux, et fretilloyent pour entrer en France, oyans seulement dire qu'elle [Orléans] seroit assiegée, perdroyent la volonté d'y venir, LANOUE 578.• L'oiseau enretté, plus il tasche en fretillant se defiler, et plus il s'empietre, YVER p. 581.Berry, fertiller ; provenç. frezilhar. Saumaise a proposé un verbe fritillare, dérivé de fritillus, cornet à dés, à cause des mouvements donnés au cornet. Diez, d'après Frisch, préfère un verbe fictif frictillare, fréquentatif de frictare ou fricare, frotter. Mais du Cange donne fritillare, piler du poivre dans un mortier, et fritillum, fratillum, mortier à piler du poivre ; c'est le mouvement de va-et-vient du pilon qui a donné frétiller. Quant à fratillum, il est dans Isidore sous la forme plus intacte de fractillum, ce qui conduit à fractum, supin de frangere, briser, le pilon étant considéré comme instrument qui brise.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.