- froidure
- (froi-du-r') s. f.Le froid du temps, de la saison, du climat.• Ainsi que la chaleur, le miel craint la froidure, DELILLE Géorg. IV.• Une humide froidure Aigrissait tout à coup les tourments que j'endure, M. J. CHÉN. Fén. II, 3.En poésie, l'hiver.• Oh ! qu'après la triste froidure, Nos yeux amis de la verdure Sont enchantés de son retour !, J. B. ROUSS. Odes, II, 11.• Soleil père de la nature, Viens répandre en ces lieux tes fécondes chaleurs ; Dissipe les frimas, écarte la froidure, Qui brûle nos fruits et nos fleurs, J. B. ROUSS. Cantate XV.Buffon a employé froidure dans le sens de froideur : Des charbonniers, qui marchaient nu-pieds, trouvaient la terre chaude sur ces éminences, et d'une froidure insupportable dans ces petits vallons, Hist. nat. Introd. Part. exp. Oeuv. t. VIII, p. 426, dans POUGENS.FROIDEUR, FROIDURE. Ces deux mots ne diffèrent que par le suffixe. L'usage a mis cette distinction-ci : froideur signifie la qualité de ce qui est froid (et de là vient qu'il se prend très bien au figuré) : la froideur de l'eau ; froidure signifie le froid en tant qu'il est senti, et particulièrement le froid répandu dans l'atmosphère : la froidure qui règne dans les contrées arctiques.XIIe s.• Entre ces contrarietez Qui sont si grantz cum vos oez [entendez], Cume de fridore e d'arson, BENOIT I, 185.XIIIe s.• Et la royne en a grant froidure soufferte, Berte, XXXV.• Ou s'il pooient ains [auparavant] savoir Qu'il deüst faire outre mesure En yver estrange froidure...., la Rose, 17870.• Les vielles gens ont tost froidure, Bien savés que c'est lor nature, ib. 403.• Note que naturel froidure [impuissance] pot estre provée dedanz trois anz, Liv. de just. 207.• La gloire Dieu t'est apareilliée, où chalors ne froidure ne te nuira, Psautier, f° 257.XVe s.• Et dura cette pluie et cette froidure jusques à soleil levant, FROISS. II, II, 17.• À cause des grandes gelées et froidures, COMM. II, 14.XVIe s.• Son mari sentit une froidure d'estomac, MARG. Nouv. LXVIII.• Les barbares estoient bien durs pour souffrir et endurer les froidures, à cause qu'ilz avoient esté nez et nourriz en païs froids, AMYOT Marius, 45.• Et tumba tant de froidures, que le plus du temps il negeoit, AMYOT Lucull. 63.• .... D'où estoit provenue ceste froideure entre Chavigny et les capitainnes, CARLOIX VI, 49.Froid ; provenç. freidura, frejura ; espagn. freidura ; ital. freddura.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.