- formalité
- (for-ma-li-té) s. f.1° Manière formelle, expresse, de procéder dans certains actes civils, judiciaires, administratifs, religieux. Remplir les formalités nécessaires à la validité d'un contrat. Passer sur les formalités.• Les délibérations ne furent plus qu'une formalité inutile, BOSSUET Hist. III, 6.• La vengeance publique [contre les chrétiens] n'ayant ni formalité dans son exercice, ni mesure dans sa cruauté, ni bornes dans sa durée, BOSSUET Panég. St Victor, 3.• Séparer les formalités nécessaires d'avec ces procédures obliques et ces malignes subtilités que l'avarice a introduites dans les affaires, FLÉCHIER Le tellier.• Il est vrai, dit-on, cette somme lui est due, et ce droit lui est acquis ; mais je l'attends à cette petite formalité ; s'il l'oublie, il n'y revient plus, et conséquemment il perd sa somme, ou il est incontestablement déchu de son droit, LA BRUY. XIV.• Depuis le temps qu'on commença à disputer sur les formules et les formalités de la religion, l'Angleterre fut inondée par une foule de sectaires, FÉN. t. XXII, p. 416.• Et lorsque je m'oppose à tant d'énormités, César parle de droits et de formalités, VOLT. Catilina, IV, 4.• Il ne faut point de formalités pour voler, et il en faut pour restituer, VOLT. Lett. Landg. de Hesse-Cassel, 4 août 1753.• Lorsque l'Angleterre crut que la dissimulation ne lui était plus nécessaire, elle commença les hostilités, sans les faire précéder d'aucune de ces formalités qui sont en usage chez les peuples civilisés, RAYNAL Hist. phil. X, 14.Formalités intrinsèques, celles qui constituent l'essence même d'un acte, sans lesquelles un acte ne saurait exister. Formalités extrinsèques, celles qui ont pour objet de constater l'existence d'une convention.Formalités de justice, la manière de procéder qu'impose la justice.• J'ai dit, chrétiens, qu'on ne gardait avec nos ancêtres aucune formalité de justice, parce qu'on les tenait pour des personnes dont le sang n'était d'aucun prix, BOSSUET Panég. St Victor, 3.Fig.• La Senantes ne s'en offensa pas [d'une déclaration] ; elle vit bien qu'il ne fallait pas s'arrêter aux formalités de la sévère bienséance, HAMILT. Gramm. 4.Molière, en se moquant, a nommé ainsi les règles observées par les médecins : Il faut toujours garder les formalités, quoi qu'il puisse arriver, Am. méd. II, 3. Un homme mort n'est qu'un homme mort et ne fait point de conséquence, mais une formalité négligée porte un notable préjudice à tout le corps des médecins, ib. I, 3.2° Acte de cérémonie, d'étiquette recherchée.• Que vous êtes fatigante, ma soeur, avec vos formalités perpétuelles !, DANCOURT les Fées, I, 1.Sous sa brillante bannière, Bien escortés de présents, Marchent les sots compliments, Et la façon minaudière ; En dame de qualité, Levant une tête altière, Paraît la formalité || Mercure de France, fév. 1750, dans RICHELET3° Attachement aux formes reçues.• Si quelque chose peut vous donner l'idée d'une tragédie française sans génie, mais avec cette régularité, et, il faut le dire, cette formalité qui altère parmi nous la vérité grecque et encore plus la vérité du moyen âge, c'est une tragédie de Thompson et de Young, VILLEMAIN Littér. franç. XVIIIe siècle, 2e partie, 2e leçon..4° Terme de la scolastique. Vertu, qualité d'un être naturel, prise abstractivement. Vivant, sensible, raisonnable sont des formalités de l'homme.• Si être libre est quelque chose et quelque perfection dans chaque acte, Dieu y fait cela même qu'on appelle libre ; et l'efficace infinie de son action, c'est-à-dire de la volonté, s'étend, s'il est permis de parler ainsi, jusqu'à cette formalité, BOSSUET Libre arb. 8.XVIe s.• Toutesfois pour couvrir la honte, ils ne laissoyent de garder les statuts anciens quant à la formalité, CALV. Instit. 1002.Formel.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.