- fleurette
- (fleu-rè-t') s. f.1° Petite fleur.• Que me veux-tu, chère fleurette, Aimable et charmant souvenir ?, A. DE MUSSET Poésies nouv. à une fleur..Par extension, chose sans importance.• Encore tous ces maux ne seraient que fleurettes Sans ce maudit honneur...., RÉGNIER Sat. VI.Terme d'archéologie. Pièce d'or marquée d'une fleur.2° Fig. Propos galant.• Où peuvent tous venants débiter leurs fleurettes, CORN. le Ment. I, 1.• Cidalise est jolie et souffre la fleurette, HAUTEROCHE le Soup. mal appr. sc. 7.• Et s'attachent en étourdis à conter des fleurettes à toutes celles qu'ils rencontrent, MOL. le Sicilien, 14.• Vous pensiez bien trouver quelque jeune coquette Friande de l'intrigue et tendre à la fleurette, MOL. Éc. des maris, II, 9.• Des gens qui sèmeront l'argent et la fleurette, LA FONT. Joconde..• En beaux louis se content les fleurettes, LA FONT. F. avare..• On le pria de faire ailleurs l'essai de ses fleurettes séduisantes, HAMILT. Gramm. 9.• Les pieds sur les chenets étendus sans façons, Je pousse la fleurette et conte mes raisons, REGNARD le Joueur, II, 4.Conteur de fleurettes, homme volage qui en conte à toutes les femmes.• M. Simon était galant, grand conteur de fleurettes, J. J. ROUSS. Conf. IV.En général, compliments, choses flatteuses. Adressez donc à des poëtes Qui soient encor dans leur printemps.• Les très désirables fleurettes Dont vous honorez mes talents, VOLT. Lett. roi de Prusse, 29 août 1742.3° Terme de musique. Fleurettes, diminution à la fin d'une cadence.Fleurette a aussi été synonyme de fleuretis.On a dit quelquefois florettes :• Et craignez plus les jeunes saints Que les florettes d'un vieux sage, VOLT. Épît. CVI.XIIIe s.• Enz un verger s'en entra, Cinq flurettes y truva, Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 366.• Zephirus et Flora sa fame, Qui des flors est deesse et dame, Cil dui font les floretes nestre ; Flors ne congnoissent autre mestre, la Rose, 8451.XVIe s.• Comme un papillon voletant De fleurette en fleurette, YVER p. 631.Diminutif de fleur ; bourguign. fleurôtte, petite fleur ; provenç. floreta. C'est par une métaphore facile à saisir que des propos galants ont été assimilés à une petite et jolie fleur. Il y avait un verbe fleureter, qui signifiait babiller, dire des riens.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREFLEURETTE. Ajoutez :4° En Normandie, crème excellente qu'on recueille lorsque le lait a séjourné douze heures dans la jatte, DELBOULLE, Gloss. de la vallée d'Yères, p. 156.Ajoutez : Beaumarchais donne une tout autre étymologie : La petite sait bien que, dans l'original, le mot fleurette signifiait une jolie petite monnaie, et que compter fleurettes aux femmes était leur bailler de l'or ; ce qui a tant plu à ce sexe pompant, qu'il a voulu que le mot entrât, au figuré, dans le galant dictionnaire, Mém. t. III, p. 64 (éd. de la Société des amis des lettres, Paris, 1830). Il y avait en effet une petite monnaie nommée fleurete ou florete (voy. florette au Supplément) ; mais cette étymologie amusante et fantastique n'est appuyée sur aucun texte. Celle-ci paraît de meilleur aloi : " On nomme flouretas, fleurettes, de petits compliments d'amour dont les fleurs sont à la fois le prétexte et les termes de comparaison. L'usage en est très ancien dans notre Midi. Baluze, dans son Histoire d'Auvergne (p. 222, preuves), en cite un exemple remarquable de l'an 1484, " Revue des langues romanes, t. IV, p. 461.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.