- flamme
- flamme 1.(fla-m') s. f.1° Auréole lumineuse et diversement colorée qui s'élève à la surface des corps qu'on brûle, et qui résulte de la combustion des gaz produits par la décomposition de ces corps. La flamme du foyer. Ce feu ne fait point de flamme. Volcan qui jette des flammes.• Flamme errante et volage, qui ne prend pas à sa matière, mais qui court légèrement par-dessus, et que le moindre souffle éteint tellement que tout s'en perd en un instant, BOSSUET Sermons, Prédic. évangél. 3.• Embraser nos vaisseaux, Et la flamme à la main les suivre sur les eaux, RAC. Andr. I, 2.• Sion ne sera plus ; une flamme cruelle Détruira tous ses ornements, RAC. Athal. III, 8.• Non, plutôt que je livre aux flammes, au carnage, Ces murs, ces citoyens qu'a sauvés mon courage, VOLT. Brut. IV, 3.• Prisonnier avec moi dans Césarée en flamme, VOLT. Zaïre, II, 3.• La flamme a été très bien caractérisée par Newton, lorsqu'il l'a définie une fumée brûlante, et cette fumée ou vapeur qui brûle n'a jamais la même qualité, la même intensité de chaleur que le corps combustible duquel elle s'échappe, BUFF. Hist. min. Introd. 2e part. Oeuvres, t. VI, p. 126, dans POUGENS..• Pendant que nos soldats luttaient encore avec l'incendie, et que l'armée disputait au feu cette proie [Moscou], Napoléon, dont on n'avait pas osé troubler le sommeil pendant la nuit, s'était éveillé à la double clarté du jour et des flammes, SÉGUR Hist. de Nap. VIII, 6.• On cherche à s'établir ; mais la tempête, toujours active, disperse les premiers apprêts des bivouacs ; les sapins, tout chargés de frimas, résistent obstinément aux flammes.... lorsqu'enfin la flamme l'emportant s'éleva, autour d'elle les officiers et les soldats apprêtèrent leurs tristes repas, SÉGUR ib. IX, 11.• [ô enfant] .... dans ton enfance un génie Mit une flamme sur ton front, V. HUGO Odes, V, 22.Flamme du Bengale, sorte d'artifice qui lance une lumière colorée de diverses couleurs, dont elle teint les objets qu'elle éclaire.Livrer aux flammes, détruire par l'incendie et aussi faire périr sur le bûcher.• On compte environ huit cents personnes livrées aux flammes sous Marie ; une femme grosse accoucha dans le bûcher même, VOLT. Moeurs, 136.Porter le fer et la flamme en un pays, y tuer les gens et y brûler les demeures.• Ulysse a porté le fer et la flamme au milieu des Troyens, FÉN. Tél. X..Fig. Mettre un pays en flamme, y porter la guerre ou la discorde.• Mettons encore un coup toute la Grèce en flamme, RAC. Andr. IV, 3.• Ceux qui diront que les temps de ces crimes sont passés.... que les flammes des guerres de religion sont éteintes, font, ce me semble, trop d'honneur à la nature humaine, VOLT. Mahomet, Lett..Il ne voit ni feu ni flamme, se dit d'un homme resserré dans une étroite prison.Fig. Ce qui dévore l'âme.• Vous persévérez à retenir ce bien mal acquis, et je vois toujours dans vos coffres, dit le saint prophète, cette flamme dévorante, ce trésor d'iniquité, ce bien mal acquis qui renversera peut-être votre maison, et sans doute donnera la mort à votre âme, BOSSUET 3e serm. pour le 1er dim. de l'Avent, I.2° Les flammes éternelles, les flammes de l'enfer, les tourments des damnés.Les flammes du purgatoire, les souffrances de ceux qui sont dans le purgatoire.3° Fig. Passion, ardeur.• Et bien que mon sang fût glacé, Mes propos n'étaient que de flamme, RÉGNIER Ode..• Les discours qui tendent à allumer de telles flammes, BOSSUET Lett. 181.Être de flamme pour, être épris de....• Pour vous elle est de flamme, MOL. l'Ét. I, 6.• Il a vu la nature humaine toute de flamme pour d'autres objets, BOSSUET II, Annonc. 1.Jeter feu et flamme contre quelqu'un, être fort irrité contre quelqu'un et l'exprimer avec une extrême violence.4° En particulier. La passion de l'amour.• Et je l'ai surpris, là, qui faisait à madame L'injurieux aveu d'une coupable flamme, MOL. Tart. III, 5.• Une flamme mal éteinte est facile à ranimer, SÉV. 416.• L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme, BOILEAU Art p. I.• Ma flamme par Hector fut jadis allumée, RAC. Andr. III, 4.• Trop crédules esprits [femmes] que sa flamme [de Thésée] a trompés, RAC. Phèdre, I, 1.• Je verrai le témoin de ma flamme adultère, RAC. ib. III, 3.• Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste, RAC. ib. V, 7.Au plur.• Et souvent sans raison les objets de nos flammes Frappent nos yeux ensemble et saisissent nos âmes, CORN. Méd. II, 6.• Je suis ravi de voir qu'au milieu de vos flammes...., CORN. Androm. IV, 6.• Othon n'a pas pour elle éteint toutes ses flammes, CORN. Othon, II, 4.5° Terme de marine. Bande d'étoffe plus ou moins large et longue, aujourd'hui généralement pointue par un bout, autrefois fendue à son extrémité flottante, et terminée par une double langue, qu'on met, pour parer le vaisseau, au grand mât et aux vergues.• Sur ce que vous m'écrivez concernant le pavillon de vice-amiral, je dois vous dire que M. le duc de Vivonne, qui va commander dans la Méditerranée les vaisseaux que S. M. a fait armer à Toulon, ne portera qu'une flamme ; ainsi le roi veut que vous en fassiez de même, sauf à porter le pavillon de vice-amiral lorsque vous entrerez dans les ports de l'obéissance de S. M., SEIGNELAY au comte d'Estrées, 15 avr. 1679, dans JAL.6° Morceau d'or en forme de flamme, émaillé en rouge, qu'on met sur les bagues.Ornement en forme de flamme qui termine des vases, des candélabres, etc.Terme de blason. Meuble dont la partie inférieure est arrondie, et la partie supérieure terminée en trois pointes ondoyantes.7° Éclat, brillant. La flamme de l'émeraude.8° Défaut du drap qui n'a pas également trempé dans l'eau du dégraissage.XIIe s.• Vraiement tost font flamme, Job, p. 514.XVIe s.• Mes envieux en gectent feu et flamme, Et par despit chacun d'eux me diffame, J. MAROT V, 269.• La flamme d'une emotion fiebvreuse, MONT. I, 98.Provenç. flama ; espagn. flama ; portug. flamma ; ital. fiamma ; du lat. flamma, qui est pour flagma, de flagrare, et qui tient aux termes grecs traduits par brûler et flamme ; radical sanscrit bhraj, brûler, briller.————————flamme 2.(fla-m') s. f.1° Sorte de lancette pour saigner les chevaux.2° Sorte de ciseau pour diviser les blocs d'ardoise.XIVe s.• Lanceola cum qua vena aperitur, gallice flieme, DU CANGE flammeriari..Wallon, flime ; provenç. flecme ; esp. fleme ; piém. fiama ; holland. vlym ; angl. fleam ; anc. haut all. fliedimâ ; du lat. phlebotomus, lancette (voy. phlébotomie).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREFLAMME. Ajoutez :9° à flamme renversée, se dit d'une disposition où la flamme, au lieu de monter, descend.• La rampe est à flamme renversée, c'est-à-dire que la flamme des becs, au lieu de monter, descend et est attirée en bas par une cheminée d'appel, Journ. offic. 12 janv. 1875, p. 274, 2e col..10° Flamme d'ogive, la partie la plus élevée d'une ogive, à condition que les meneaux figurent des flammes, car, dans les ogives en trèfle (XIIIe s.), le haut de l'ogive n'est pas une flamme. La présence des flammes constitue le gothique flamboyant, qui est celui de la dernière époque (XIVe et surtout XVe siècle).• La partie du haut, qui est enclose dans la flamme de l'ogive, représente l'exaltation, ou, si l'on veut, l'apothéose de saint Marcel, E. BERGERAT Journ. offic. 12 janv. 1875, p. 279, 1re col..11° Sorte de pièce d'artifice.• Le feu qui a pris naissance, on ne sait par quelle cause, dans des pièces d'artifices déposées dans la cour, a consumé en quelques minutes près de 800 flammes du poids de deux kil. chacune, Gaz. des Trib. 12 juill. 1873, p. 661, 3e col..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.