- flairer
- (flê-ré) v. a.1° Appliquer avec intention le sens de l'odorat, reconnaître à l'odeur.• Mais, ô douleur ! elles flairaient à peine La fleur récente, MALFIL. Narcisse, IV.• Enfin j'ai pris vos vieux habits à l'un et à l'autre, et je les ai fait flairer à Fidèle, BERN. DE ST-P. Paul et Virg..• [Le coursier] Lance un regard oblique à son maître expirant, Revient, penche sa tête et le flaire en pleurant, LAMART. Méd. II, 15.Substantivement.• L'agneau ne s'y méprend jamais : il distingue au premier aperçu, au simple flairer, son tyran de son défenseur, BERN. DE ST-PIERRE Harm. liv. V.2° Fig. et familièrement. Pressentir. J'avais flairé cela.• À peine dans la chambre il a fait son entrée, Il flaire votre opinion, DELILLE Convers. II.3° Se flairer, v. réfl. Se flairer l'un l'autre. Les chiens se flairent en se rencontrant.Fig. Être flairé, être pressenti. C'est une mauvaise affaire qui se flaire de loin.Flairer, c'est percevoir une odeur avec intention ; fleurer, c'est exhaler une odeur Cette distinction, aujourd'hui établie, n'existait pas dans l'ancienne langue, ni même au XVIIe siècle et au XVIIIe, témoin Voltaire qui a dit : D'Euphémon fils la réputation Ne flaire pas à beaucoup près si bon, Enfant prod. III, 5.XIIIe s.• Cist fromaches me put si fort, Et flere si, jà m'aura mort, Ren. 7312.• Et [il] flere espices odoreuses, Et gouste choses savoreuses, la Rose, 18585.• Je durement sui envieus D'avoir un baisier savoreus De la rose qui soef [doux] flaire, ib. 3399.XIVe s.• Ne sai se plus vous die chou [ce] à quoi sui pensans ; On dit que mortiers est adès les aus [l'ail] flairans, Baud. de Seb. II, 386.XVIe s.• L'ouye, la veue, le flairer, l'attouchement et le goust, CALV. Instit. 1176.• Ils y applaudissent d'autant qu'ils y flairent de gain, CALV. ib. 698.• Il flaire partout [c'est-à-dire il s'entremet de toute chose], OUDIN Curios. fr..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.