- fatuité
- (fa-tu-i-té) s. f.1° Sottise accompagnée d'une bonne opinion de soi-même, qui fait prendre ridiculement l'air, les manières et les prétentions du mérite.• ....N'en voit-on pas sans cesse Qui jusqu'à quarante ans gardent l'air éventé Et sont les vétérans de la fatuité ?, GRESSET Méchant, I, 4.• La fatuité dédommage du défaut de coeur, VAUVENARGUES. Max. 547.• En général, la fatuité des musiciens est de croire ne rien devoir à leur poëte ; et Grétry, avec de l'esprit, a eu cette sottise au suprême degré, MARMONTEL Mém. IX..Il se dit aussi du genre de fatuité que donnent quelquefois les succès auprès des femmes.• Les hommes qui ont eu d'éclatants succès auprès des femmes, lorsqu'ils ont su se préserver de la fatuité...., GENLIS Mlle de la Fayette, p. 158, dans POUGENS.2° Propos ou actes impertinents. Il a dit une grande fatuité.• Un voluptueux de Rome se faisant rapporter du bain dans une chaise demandait : Suis-je assis ? c'est à peu près comme celui qui, étant à la chasse, demandait à ses gens s'il avait du plaisir : ce sont des fatuités des grands qu'il est bon de remarquer, NICOLE dans Dict. de Trévoux, Fatuité..3° Terme d'aliénistes. Folie. Il a été employé jadis en ce sens, comme on le voit par cet exemple historique :• Philippe le Bel répondit à Boniface [VIII] : Que Votre très grande Fatuité sache que nous ne sommes soumis à personne pour le temporel, VOLT. Moeurs, 65.XIVe s.• Que l'ire des peres [sénateurs] se combatist contre la fatuité [folie] du pueple, BERCHEURE f° 47, verso..• On demanda à icellui Jehan pourquoi il s'estoit ainsi laissé cheoir en la riviere ; le quel, plein de fatuité ou de maladie qu'il avoit, respondit que ilz avoient fait grant pechié de l'en tirer hors, DU CANGE fatuus..Provenç, fatuitat ; espagn. fatuidad ; Ital. fatuità ; du latin fatuitatem, de fatuus, sot (voy. fat et fade).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREFATUITÉ. Ajoutez : - REM. Bouhours, Doutes sur la langue française, p. 7, demande si ce mot est français. Il l'était bien avant Bouhours.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.