- fasciner
- (fa-ssi-né) v. a.1° Troubler, égarer par sorcellerie.Il se dit de certains animaux qui paralysent les mouvements de leur proie en la regardant fixement.• On a dit qu'une vipère, ou selon d'autres un crapaud, le regardant fixement [le rossignol] lorsqu'il chante, le fascine par le seul ascendant de son regard, BUFF. Ois. t. IX, p. 151, dans POUGENS.2° Fig. Charmer, tromper, abuser.• Le charme qui le fascinait tombe tout d'un coup, MASS. Carême, Prodigue..• Quel fantôme d'Europe a fasciné ta vue ?, VOLT. Alz. IV, 4.• Montrer à quel point une erreur scientifique peut être contagieuse, et combien le charme du merveilleux peut fasciner les esprits, BUFF. Oiseaux, t. XVII, p. 143, dans POUGENS.• Un homme adroit peut fasciner les yeux des simples, J. J. ROUSS. Ém. IV.• Sire, l'aspect d'un Guise a fasciné vos yeux, M. J. CHÉN. Charles IX, I, 1.Absolument.• La fraude seule ne suffirait pas ; elle fascine, et le fanatisme subjugue, VOLT. Dial. XXIV, 5.3° Se fasciner, v. réfl. Se causer à soi-même une fascination.• Cranmer lui-même entendit raison sur ce sujet, et il écouta Calvin, qui lui parlait des illusions dont Osiandre fascinait les autres et se fascinait lui-même, BOSSUET Variat. VIII, § 13.XIIIe s.• Nous regnons ore en chascun regne ; Et bien est drois que nous regnons ; Que trestout le monde fesnons ; Et savons si les gens deçoivre Que nus ne s'en sait aperçoivre, la Rose, 12108.XVIe s.• Ils fascinent les yeux et les esblouissent, en sorte qu'il font voir souvent ce qui n'est point, PARÉ XIX, 27.• ....Ont le lict nuptial trois fois environné : Puis d'un charme à sous-vois l'ayant empoisonné, Et fasciné la chambre en tournant leurs caroles [danses]...., RONS. 824.Lat. fascinare, qui paraît tenir au verbe grec traduit par ensorceler et provenant d'un autre verbe traduit par parler, prononcer des paroles. Fascinare avait donné régulièrement dans l'ancienne langue fesner.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.