- faquin
- (fa-kin) s. m.1° Portefaix (sens propre, qui n'est plus du tout usité).• Un tas de faquins qui attendent sur le port ceux qui viennent par eau, SCARR. Rom. com. I, 18.2° Mannequin de bois ou de paille, propre à l'exercice de la lance ; ainsi nommé parce qu'on se servait autrefois de quelque gros faquin armé de toutes pièces contre lequel on courait.• Monseigneur, au sortir du sermon, alla courre la bague et les têtes, et fit courre aussi le faquin, DANGEAU I, 137, 18 mars 1685.3° Fig. Un homme de néant, mélange de ridicule et de bassesse.• Je m'assure qu'à Rome les honnêtes gens louaient Annibal, et qu'il n'y avait que les faquins qui lui dissent des injures, BALZ. liv. v, lett. 3.• Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse, Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, Et vous fasse de vous un éloge éclatant, Lorsqu'au premier faquin il court en faire autant ?, MOL. Mis. I, 1.• Vous n'êtes pour tout potage qu'un faquin de cuisinier, MOL. l'Avare, III, 6.• Ils [les huissiers de la cour] traitent les savants de faquins à nasardes, MOL. Fâch. III, 2.• Alors le noble altier, pressé de l'indigence, Humblement du faquin rechercha l'alliance, BOILEAU Sat. v..• Et j'aime mieux endurer une injure Que d'illustrer un faquin ignoré, J. B. ROUSS. Épigr. I, 7.• Les faquins qui poursuivent la mémoire de Bayle méritent le mépris et le silence, VOLT. Lett. Thiriot, 27 mai 1756.• Je crains qu'il ne faille dire bientôt de ce titre-là ce que Jacques Rostbif dit du nom de monsieur : il y a trop de faquins qui le portent, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 9 avril 1761.XVIe s.• À Paris, en la rostisserie du petit chastelet, au devant de l'ouvroir d'un rostisseur, un faquin mangeoit son pain à la fumée du rost.... le rostisseur repliquoit que de fumée de son rost n'estoit tenu nourrir les faquins, et renioit, en cas qu'il ne le payast, qu'il lui osteroit ses crochets, RAB. III, 36.• Baston porte paix, et le facquin faix, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 166.Espagn. faquin ; ital. facchino, portefaix. Faquin, récent dans le français, vient de l'italien ; et l'italien facchino est d'origine inconnue. Diez dit que, si on le trouvait dans l'ancien français, il représenterait l'ancien flamand vantkîn, jeune garçon ; mais jusqu'à présent on ne l'y a pas trouvé ; et le mot reste italien. Quant à l'arabe faqîr, pauvre, besoigneux, ni le sens ni la forme n'expliquent suffisamment facchino. Le latin fascis n'aurait pas donné un mot italien avec cc.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.