- faner
- (fa-né) v. a.1° Tourner et retourner l'herbe d'un pré fauché pour la faire sécher. Faner de l'herbe, de la luzerne.Absolument. Voilà un bon temps pour faner.• Savez-vous ce que c'est que faner ? il faut que je vous l'explique : faner est la plus belle chose du monde, c'est retourner du foin en batifolant dans une prairie ; dès qu'on en sait tant, on sait faner, SÉV. à Coulanges, 22 juill. 1671.2° Faire perdre la fraîcheur. Le grand hâle fane les fleurs.Par extension, altérer l'éclat d'une étoffe, du teint. Le soleil a fané cette couleur.• Un libertinage précoce qui ruine la santé des jeunes gens avant la maturité de l'âge, et fane la beauté des femmes à la fleur de leurs années, RAYNAL Hist. phil. XIX, 14.3° Se faner, v. réfl. Perdre sa fraîcheur, son éclat. Des fleurs cueillies se fanent promptement.Par extension, il se dit des couleurs et du teint.• Vos vives couleurs se fanent, J. J. ROUSS. Hél. I, 3.• Perles, tombez ; fanez-vous, roses ; La voilà laide et tu l'aimes autant, BÉRANG. Laideur..Cette femme commence à se faner, se fane, sa beauté commence à se passer, se passe.• Les débauchés passent en un moment de l'enfance à la vieillesse, et se fanent en leur fleur, D'ABLANCOURT Lucien, dans LEROUX, Dict. com..• Toute chair se fane comme l'herbe et comme la feuille qui croît sur les arbres verts, SACI Ecclésiastique, XIV, 18.On dit de même : la beauté se fane.Avec ellipse du pronom. Laisser faner une fleur.On a dit fanir au XVIIe siècle, comme au XVIe.• Le mesme jour qui voit leur bouton demi-clos, Le voit s'épanouir, fanir, tomber à terre, RACAN Psaume 35.FANER, FLÉTRIR. Faner dit moins que flétrir. Une fleur fanée par le chaud du jour reprend sa fraîcheur le soir ; une fleur flétrie ne redevient pas fraîche ; aussi, figurément, dit-on que la réputation d'un homme est flétrie. Une réputation fanée serait simplement une réputation passée.XVe s.• Les faings faner, FROISS. II, II, 106.XVIe s.• La beauté de son corps estant pieça fanée, MONT. I, 211.• Les republiques naissent, fleurissent et fanissent de vieillesse, comme nous, MONT. III, 97.• Prés sont defensables depuis la mi-mars jusqu'à la Toussaint, ou que [à moins que] le foin soit du tout fanné et enlevé, LOYSEL 245.• Non frais ne verdoyant, ains comme arbre qui se va fenant et sechant à faulte de prendre nourriture, AMYOT Rom. 32.• Il meit sur sa teste un chapeau de fleurs tout fené, et prit en sa main une torche, AMYOT Pyrrhus, 27.• Environ la my-juin les aulx attaignent leur parfaite meureté, laquelle l'on recognoit au fener de leurs feuilles, O. DE SERRES 512.Génev. fener, tourner et retourner l'herbe ; Berry, fener, se fener ; norm. fener ; wallon, flani, se faner ; provenç. fenar ; du latin foenum, foin (voy. foin). Faner veut dire proprement faire du foin, et, par la métonymie de l'effet à la cause, retourner l'herbe fauchée des prés, puisque c'est le moyen de la faire sécher, d'où le sens de flétrir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.