- fadeur
- (fa-deur) s. f.1° Qualité de ce qui est fade. La fadeur d'un mets.2° Fig. Il se dit de ce qui manque de vivacité, de piquant, d'animation.• Je suis lasse à mourir de la fadeur des nouvelles, SÉV. 236.• Cette manière basse de plaisanter a passé du peuple à qui elle appartient, jusque dans une grande partie de la jeunesse de la cour, qu'elle a déjà infectée ; il est vrai qu'il y entre trop de fadeur et de grossièreté, pour devoir craindre qu'elle s'étende plus loin, LA BRUY. V.Il se dit aussi de la mine, des manières, de la conversation.• Son visage était de la dernière fadeur, HAMILT. Gramm. 7.Il se dit enfin d'un excès de flatterie dans la complaisance ou dans la louange.• Vraie, franche, naturelle, la fadeur des éloges lui était à charge, MASS. Or. fun. Madame..• Je ne veux point mourir sans vous avoir envoyé une ode pour Mme de Pompadour ; je veux la chanter fièrement, hardiment, sans fadeur ; car je lui ai obligation ; elle est belle, elle est bienfaisante, sujet d'ode excellent, VOLT. Lett. duc de la Vallière, mai 1759.• Le grand point dans toutes ces fêtes est d'éviter la fadeur de l'épithalame ; je devrais éviter la fadeur des longues et ennuyeuses lettres, VOLT. Lett. Richelieu, 17 juill. 1773.3° Discours fade ; louange fade ; galanterie fade....• Ah ! vous allez lâcher quelque fadeur, DESTOUCHES Phil. mar. II, 2.• On m'a su mauvais gré d'avoir dit des fadeurs à Catherine, VOLT. Lett. en vers et en prose, 161.• Si leurs entretiens dégénèrent en fadeurs, J. J. ROUSS. Ém. V.• Saint-Firmin : Vous étiez déjà de la famille, trop aimable orpheline. - Mme Dolban : Allons, point de fadeur, COLLIN D'HARLEV. Malice pour malice, I, 2.• Ne prenez pas ce que je viens de vous dire pour une fadeur ; je vous assure que c'est l'exacte vérité, GENLIS Veillées du château t. III, p. 443, dans POUGENS.FADAISE, FADEUR. La fadaise est proprement ce qui est fade, la fadeur en est la qualité abstraite ; mais quand, par métonymie, nous prenons la qualité pour la chose elle-même, les fadeurs se confondent avec les fadaises, sauf que la fadeur est avant tout une pensée fade, tandis que la fadaise, c'est tout ce qui n'a aucune valeur.Fade. Fadeur paraît avoir été fait dans le XVIIe siècle.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.