- exécration
- (è-gzé-kra-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.1° Chez les anciens, menaces et malédictions sous des formules religieuses.• La royauté fut abolie avec des exécrations horribles contre ceux qui...., BOSSUET Hist. III, 7.• Celui qui le prêtait [le grand serment], revêtu de la mante de pourpre de la déesse Proserpine, et tenant à la main une torche allumée, prononçait contre lui-même dans le temple les exécrations les plus terribles qu'il soit possible d'imaginer, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. v, p. 302, dans POUGENS.• Les exécrations, les détestations, les conjurations, MONTESQ. Esp. XII, 4.2° Aujourd'hui, imprécation, jurement. Il fit mille exécrations.3° Sentiment qui fait maudire.• La sagesse est en exécration aux pécheurs, SACI Bible, Ecclésiastiq. I, 26.• Tout le monde en parle avec exécration, PASC. Prov. 15.• Ils doivent être en exécration à tous les siècles, FÉN. Tél. XVII.• Elle regardait avec exécration cet usage de vendre le malheur et le bonheur des hommes, VOLT. Ingénu, 18.Chose exécrable.• Je ne veux plus parler de cette exécration qui me rend odieux le pays où elle s'est commise, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 11 août 1766.Il se dit dans le même sens en parlant des personnes.• L'opprobre de son sexe et l'exécration de la postérité, GENLIS Veillées du chât. t. II, p. 228, dans POUGENS.4° Terme ecclésiastique. Lorsqu'un lieu saint est pollué par quelque accident, on dit qu'il y a exécration, c'est-à-dire perte de consécration, et il faut de nouveau le consacrer.XVIe s.• C'est la difference qui est entre l'excommunication et l'execration que les docteurs eclesiastiques appellent anathema, qu'en anathematisant un homme, on lui oste toute esperance de pardon, et on le donne au diable ; en l'excommuniant, on punit plustost les moeurs, CALV. Instit. 993.• Des soldats qui s'estoient condamnez, avec horribles exsecrations, de n'entrer en aulcune composition que de se faire tuer ou demeurer victorieux, MONT. III, 92.Lat. exsecrationem, de exsecrari, exécrer.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.