- exercice
- (è-gzèr-si-s') s. m.1° Action d'exercer quelqu'un à quelque chose ou de s'y former soi-même. Cela ne s'apprend que par un long exercice.• Bientôt il devint grand, robuste, agréable et adroit à tous les exercices du corps, FÉN. Tél. XXIV.• Tous ces exercices durs et pénibles tendaient à leur procurer une forte et robuste santé, capable de soutenir les fatigues de la guerre, à laquelle ils étaient destinés, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. II, p. 545, dans POUGENS.Fig.• Des siéges, des combats servirent d'exercice à son enfance, FLÉCH. Tur..2° Terme de guerre. L'action d'exercer, de s'exercer au maniement des armes et aux évolutions. L'exercice du fusil. Aller à l'exercice.• Il lui a appris à faire l'exercice du mousquet et de la pique, SÉV. 355.• Nos soldats commencent à faire l'exercice de bonne grâce, SÉV. 555.• Mais pour vous tous, jeunes soldats, J'étais un père à l'exercice, BÉRANG. Vieux caporal..Exercice à la prussienne, sorte d'exercice introduit dans les armées prussiennes dans le XVIIIe siècle et imité ailleurs. Il n'est pas nécessaire que les mères aient fait l'exercice à la prussienne, J. J ROUSS. Ém. v.Exercice à feu, exercice où l'on apprend aux soldats à tirer.• Autour de nous toute l'Europe en armes fait l'exercice à feu, P. L. COUR. II, 109.Terme de marine. Répétition ou apprentissage de tous les mouvements qui peuvent se faire sur un vaisseau.3° Il se dit des mouvements par lesquels on exerce le corps. Le jeu du billard est un bon exercice.• La sueur vient quand on fait de l'exercice, DESC. Pass. 129.• En faisant de l'exercice, je reposerai mon esprit, SÉV. 479.Mouvements involontaires ou provoqués auxquels se livrent les animaux, sans autre but que le mouvement même.4° Il se dit des exercices du corps soumis à certaines règles et que l'on apprend à bien exécuter, tels que monter à cheval, danser, etc. Les exercices de la gymnastique. L'exercice de l'équitation. Il réussit dans cet exercice.• La plupart de ces exercices n'ont plus d'autre objet que les agréments ; au lieu que, chez les anciens, tout, jusqu'à la danse, faisait partie de l'art militaire, MONTESQ. Rom. 2.Au plur. L'ensemble de ces exercices.• Son père [à Alexiovitz] n'a jamais voulu qu'il fît ce qu'on appelle ses exercices, VOLT. Russie, II, 3.5° Fig. et familièrement, peine, fatigue, embarras.• Le démon des combats vint troubler l'univers ; Un pays contesté par des peuples divers Engagea Télamon dans un dur exercice, LA FONT. Filles de Minée..• Le sage roi Gélon, et puis le tyran Denis, leur avaient donné [aux Carthaginois] bien de l'exercice, FÉN. t. XIX, p. 289.6° Il se dit aussi de ce qui exerce l'esprit, les facultés. L'exercice de la mémoire. Dans l'âge mûr la puissance de réfléchir est en entier exercice.• J'ai prouvé qu'il n'est aucune de nos facultés spirituelles dont l'exercice ne tienne à celui de nos organes, BONNET Ess. anal. âme, ch. 24.7° Terme de collége. Conférences où les écoliers répondent sur certaines parties des humanités. Soutenir un exercice.Exercices publics, conférences qui se faisaient dans les hautes écoles.• Il [le Tellier] rétablit les études, et fit revivre dans les écoles du droit ces exercices publics et solennels, et ces rigoureuses épreuves qui feront refleurir les lois et l'éloquence de nos pères, FLÉCH. le Tell..• Il [M. l'abbé de Louvois] fit des exercices publics sur Virgile, Homère et Théocrite, qui répondirent à une si excellente éducation, FONTEN. Abbé de Louvois..Dans les classes, exercices au tableau, les exercices de traduction ou de calcul que l'élève fait à la craie sur un tableau noir, sous la direction du professeur.Il se dit aussi des devoirs ou compositions donnés pour familiariser l'élève avec les règles. Les thèmes, les versions, les analyses sont d'excellents exercices pour apprendre les langues.Il se dit enfin des livres qui contiennent les exercices.Au plur. Il se dit de ce qui fait l'occupation habituelle d'une compagnie. Exercices académiques.8° Terme de musique. Morceau composé pour familiariser un exécutant avec une des difficultés du chant ou de l'instrument. Exercices pour le trille, pour le coup d'archet, pour le double coup de langue (sur la flûte).9° Il se dit des choses morales qu'on met en pratique. Les édifices consacrés à l'exercice du culte.• Théodoric, roi des Ostrogoths, qui laissa, quoique arien, un assez libre exercice à la religion catholique, BOSSUET Hist. I, 11.• On mettait dans cet entretien [des Lévites, par dîmes et oblations] un des principaux exercices de la religion et le salut de tout le peuple, BOSSUET Polit. VII, V, 4.• Jamais monarque eut-il de plus grandes entreprises à conduire que l'incomparable saint Louis, et néanmoins jamais homme fut-il plus appliqué et plus fidèle aux exercices de la religion ?, BOURDAL. 14e disc. après la Pentecôte, Domin. t. III, p. 408.• Tout profane exercice est banni de son temple, RAC. Athal. III, 7.Exercices de pénitence.• Passant les années entières dans l'exercice des jeûnes, des macérations, des prières, MASS. Car. Élus..Exercices spirituels, certaines pratiques de dévotion qui se font dans les communautés religieuses où l'on se met en retraite.10° Occupation.• Selon ces principes [du quiétisme], il [le P. Falconi] reprend ceux qui croient que les exercices de la vie humaine interrompent l'acte d'amour continu, BOSSUET État d'oraison, I, 15.• Tout autre emploi, tout autre exercice [que la guerre] leur était interdit : arts, belles-lettres, sciences, métiers, culture même de la terre, rien de tout cela ne faisait leur occupation et ne leur paraissait digne d'eux, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 553, dans POUGENS.11° Action de faire ce qui est d'une fonction, d'une charge, du pouvoir. L'exercice d'une profession, du pouvoir.• Le pontife rentre en exercice avec tous les prêtres, BOSSUET Hist. II, 4.• Voyons-le dans l'exercice ordinaire de sa charge, FLÉCH. Lam..Être dans l'exercice de ses fonctions, remplir actuellement les fonctions d'une charge, d'un emploi.Plus spécialement, il se dit d'une charge, d'un emploi dont les fonctions sont remplies par deux ou plusieurs personnes qui alternent, qui se succèdent. Entrer en exercice. C'est son année d'exercice.12° Action d'user d'un droit. L'exercice d'un privilége.13° Collége de plein exercice, collége où les classes comprennent jusqu'à la philosophie inclusivement, avec les classes de mathématiques qui s'y joignent.14° Terme de finance. La perception et l'emploi des revenus publics relativement à chaque année. Cela est compris dans l'exercice courant. L'exercice de 1864. L'exercice de l'année est clos le....Terme d'ancienne administration. Exercice pair, se disait des comptes des années dont le chiffre est un nombre pair, comme 1724, 1726. Exercice impair, compte des années impaires.15° Visite des commis chez certains marchands pour la perception des droits indirects.• On se plaint partout et avec raison de la supercherie et de l'infidélité avec laquelle les commis des aides font leurs exercices, VAUBAN Dîme, p. 62.• Et par l'exercice des boissons de la cave n'ayant trouvé que peu de débit, Arrêté du conseil d'État, 25 oct. 1723.Prendre de l'exercice, qui est fort usuel, est condamné par les grammairiens qui recommandent de dire : faire de l'exercice. Cependant pourquoi ne dirait-on pas prendre de l'exercice, puisqu'on peut comparer, en ces cas-là, l'exercice à un remède qu'on prend ? En tout cas prendre de l'exercice est ancien, et on le trouve dans Régnier : Je prends de l'exercice au prix de ma santé, Épît. II.XIIIe s.• L'usaige et l'exercice des armes, J. DE MEUNG Végèce, I, 28.XIVe s.• Pour les esbatemens et exercites, ORESME Thèse de MEUNIER..XVIe s.• Les exercices du corps, les exercices de l'esprit, MONT. I, 150.• M. le prince de Condé estoit à Paris pour l'establissement de l'exercice public [de la religion réformée], suyvant l'edict du roy, LANOUE 545.Provenç. exercici, exercisi ; espagn. exercicio ; ital. esercizio ; du lat. exercitium, de exercere, exercer.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREEXERCICE. - HIST. Ajoutez :XVe s.• Et, oultre ce, tout l'exercice D'icelle [prophétie], comme j'aparçoys, Qui est moult bel, aussi propice, Qu'a fait le noble roy françoys, GUILLOCHE la Prophecie du roy Charles VIII, p. 2, Paris, 1869.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.