- excéder
- (è-ksé-dé ; cé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : j'excède ; excepté au futur et au conditionnel : j'excéderai) v. a.1° Outrepasser, aller au delà des justes bornes. Il a excédé son pouvoir, ses pouvoirs.• Il excède sa charge, et lui-même y renonce, CORN. Nic. III, 3.• C'est qu'ils ont excédé toutes bornes, PASC. dans COUSIN.• Les hommes se piquent d'être constants ou indifférents selon la mode, qui excède toujours la nature, VAUVENARGUES. Max. 40.Absolument.• Voilà ce qui regarde les vaines et fausses sciences ; et pour ce qui est des véritables, on excède beaucoup à s'y livrer trop, ou à contre-temps, ou au préjudice de plus grandes obligations, BOSSUET Concupisc. 8.• Dieu a tout fait avec mesure, avec nombre et avec poids ; rien n'excède, rien ne manque, BOSSUET Polit. VII, VI, 6.• Le peu de discernement qui accompagne toujours une dévotion presque naissante, le faisait excéder [le duc de Bourgogne] dans le contre-pied de ses défauts, SAINT-SIMON t. VIII, p. 207, édit. CHÉRUEL..2° Dépasser. Vous pourrez employer jusqu'à mille francs, mais n'excédez pas cette somme.Surpasser en longueur, en dimension, en valeur. Une dette qui excède cent francs. Cette poutre excède le mur de plus d'un pied.• Celles [pièces] de la comédie parlent de personnes communes, et ne consistent qu'en intrigues d'amour, et en fourberies qui se développent si aisément en un jour, qu'assez souvent chez Plaute et chez Térence le temps de leur durée excède à peine celui de leur représentation, CORN. 2e disc. trag..• Pourvu seulement qu'en vendant il n'excède pas le plus haut prix des étoffes de cette sorte, PASC. Prov. 8.• Ce prince [Porus] était monté sur un éléphant bien plus grand que tous les autres, et lui-même excédait la stature ordinaire des hommes, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. VI, p. 497, dans POUGENS.• Et jamais ma dépense excédant ma recette, C. DELAV. Éc. des vieill. I, 1.Fig.• Formé d'une telle manière Que l'art ingénieux excédait la matière, RÉGNIER Épit. I.• Pour moi, quoique déjà ma passion fût telle, Que sa force excédât toute force mortelle, MAIRET Sophon. IV, 1.• Ce sont des actions dont la reconnaissance Du plus riche monarque excède la puissance, ROTROU Vencesl. I, 4.3° Battre outrageusement (sens autrefois très usité en matière criminelle, qui ne l'est plus guère aujourd'hui ; en cette acception, il s'emploie surtout au participe et avec battre).• Atteints et convaincus d'avoir fait rébellion, empêché les exercices et fonctions desdits commis, de les avoir battus, excédés, etc. déchiré leurs habits, Arrêt du conseil d'État, 22 juill. 1721.On dit dans le même sens : excéder quelqu'un de coups.4° Accabler au delà de ce qu'on peut supporter. Cette course m'a excédé.• Les nègres ne sont-ils pas assez malheureux d'être réduits à la servitude ? faut-il encore les excéder ?, BUFF. Morc. choisis, p. 43.Excéder de plaisir, fatiguer à force de plaisir.Familièrement. Excéder quelqu'un de bonne chère, l'exciter à quelque excès de table par l'abondance des mets.5° Importuner, tourmenter. Vous m'excédez par vos railleries.6° S'excéder, v. réfl. Se fatiguer à l'excès. S'excéder à la chasse. S'excéder de travail, de débauches.• Un jour il s'excéda de fatigue pour des pauvres qu'il traitait, prit beaucoup de froid...., FONTEN. Dodart..XIVe s.• Proportion arismetique est quant le grant surmonte ou excede le moien autant comme le moien surmonte le petit, ORESME Eth. 44.• Vertu est entre exceder ou defaillir, ORESME ib. 46.XVe s.• Un chascun d'eux [des trois ordres] son droit estat maintiengne ; Car l'exceder est monstre et droicte enseigne De pis avoir pour le peuple et l'Eglise, E. DESCHAMPS Souffr. du peuple..XVIe s.• Plusieurs effects des animaulx excedent nostre capacité, MONT. II, 358.• Peu à peu elle [la noblesse] a tant excedé qu'en fin, sous la vertu de vaillance, elle a asservi et confondu les autres, LANOUE 197.• La commune prenoit plaisir à rabbatre et rabaisser ceulx qui lui sembloient trop exceder en grandeur, AMYOT Thém. 43.Lat. excedere, excéder, de ex, hors, et cedere, aller (voy. céder).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.