- anoblir
- (a-no-blir) v. a.1° Faire noble, donner un titre de noblesse.• Orgon à prix d'argent veut anoblir sa race, GILB. Le XVIIIe siècle..En ce pays le ventre anoblit, se dit d'un pays où l'on est réputé noble pourvu qu'on soit né d'une mère noble.• Allié à la maison de la Prudoterie, maison où le ventre ennoblit [anoblit], et qui, par ce beau privilége, rendra vos enfants gentilshommes, MOL. G. Dandin, I, 4.2° S'anoblir, v. réfl. Acheter des titres de noblesse.ANOBLIR, ENNOBLIR. Anoblir signifie donner, conférer la noblesse ; ennoblir signifie donner de l'éclat, de la considération, de l'importance. Cette distinction est toute récente : bien qu'arbitraire en soi, elle est actuellement reçue, et il faut la suivre. Les écrivains du XVIe siècle ne la connaissent pas, comme le montre l'historique.• Elle n'est pas plus connue de ceux des deux derniers siècles, comme le montrent les exemples suivants : L'amour n'anoblit-il pas tous les sentiments ?, J. J. ROUSS. Hél. V, 13.• L'idée de faiblesse que les hommes attachent à la vertu tombe dès qu'elle est anoblie de vos moeurs [des Grands], MASS. Petit car. Grands..• Des passions qui suivaient toujours les lois de la raison et qui anoblissaient tous leurs objets, FLÉCH. Serm. t. I, p. 191.XVIe s.• Les difficultez anoblissent, aiguisent et rehaussent la vertu, MONT. I, 70.• Ceulx qui ont anobli leur vie par renommée, MONT. I, 73.• Les lois prennent leur autorité de la possession et de l'usage ; il est dangereux de les ramener à leur naissance ; elles grossissent et s'anoblissent en roulant, comme nos rivieres, MONT. II, 349.• Il s'est anobly par ses valeureux exploicts, AMYOT Marius et Pyrrh. 4.• Escussons et blasons de leurs premiers ayeux, Que la guerre annoblit par faits victorieux, RONS. 700.Ad, à, et nobilis, noble ; d'où l'orthographe annoblir, qui se prononçant comme ennoblir, les a confondus longtemps.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.