- eux
- eux 1.1° Il s'emploie comme régime de préposition. C'est à eux qu'il faut vous adresser. Il est question d'eux.• Le plus considérable d'eux tous était le fameux Milon, Exil de Cicér. dans DESFONTAINES.Dans le langage grammatical technique on le met aussi après le verbe : je les aime, c'est-à-dire j'aime eux.Eux peut enfin être complément direct du verbe quand ce verbe est sous-entendu. Qui accusez-vous ? Eux, sans doute.2° Il s'emploie comme sujet. Nous voulons partir ; eux prétendent rester.• Dindenaut prisait moins ses moutons qu'eux leurs ours, LA FONT. Fabl. v, 20.• Étaient-ce des esprits faibles, eux qui ont eu la force de vaincre le monde ?, MASS. Car. Mot. de conv..Familièrement. Eux autres, ces gens-là dont on parle.• Il s'est fait un grand vol ; par qui ? l'on n'en sait rien ; Eux autres [des Bohémiens dont on parle] rarement passent pour gens de bien, MOL. l'Ét. IV, 9.Eux-mêmes, voy. même.Xe s.• Eus noieds, Fragm. de Val. p. 467.• E de cel peril que super els metreiet, ib. p. 468.XIe s.• Li quels d'els deuz en fut li plus isnels [prompt] ?, Ch. de Rol. CVI.XIIe s.• Par als [eux] conquis-je et Valence et Morel, Ronc. p. 202.• Et avec aus, quatre cent compeignon, ib. p. 186.• Mais maugré eulx [je] vous ai mon cuer [coeur] donné, Couci, XIV.• Et yauls pourvoir profitablement, qui pour le [la] foibleté de leurs corps ne poent entendre à le [la] deffense de leur choses, TAILLIAR Recueil, p. 500.• De Jofroi de Paris [il] firent leur justicier, Pour maintenir la guerre et pour ax enforcier, Sax. IV.• [Ils] avoient entour aus gent françoise tous dis, Berte, v.• La traïson [ils] devisent entre eus trois à loisir, ib. XIII.XVe s.• Pour ton noble coeur encourager et eux montrer exemple en matiere d'honneur, FROISS. I, I, 1.• N'avoyent nulles places pour eux retirer, COMM. I, 2.Els, als, eus, aux, ax, yauls du vieux français représentent le latin illos (voy. il).2. .... , EUX, EUSE, finale qui répond à la finale latine osus et qui, avec des radicaux de substantifs, forme des adjectifs indiquant ce qui compose et constitue, ce qui possède et est doué de. L'origine de ce suffixe doit être recherchée dans le suffixe sanscrit vant, vat, vas, forme féminine usi, qui a donné les participes passés actifs dans la langue grecque. Le latin, qui n'a pas de pareils participes, a appliqué aux suffixes en osus le sens plus haut indiqué, et que vant avait aussi en sanscrit, témoin açva-vant, qui possède des chevaux, en parlant d'un pays.Eux, euse est aussi une forme dialectique du suffixe eur, qui forme en français les noms d'agent. Cette forme, fréquente au moyen âge et restée en usage dans les campagnes, n'existe plus dans la langue admise que pour un petit nombre de mots, tels que faucheux (l'araignée), partageux, péteux (voy. eur).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.