- annihiler
- (a-nni-i-lé)1° V. a. Mettre à néant.2° S'annihiler, v. réfl. Devenir à néant.XIVe s.• La delettation que il a en sa vertu asorbe et anichille toute tristece, ORESME Eth. 90.XVe s.• Les Anglois veant la prudence et la valeur du souverain prince, par lequel leur bonne fortune estoit malement adnichilée, CHRIST. DE PISAN Charles V, l. II, ch. 39.• Par lesquelles tribulations le dit duc de Bedfort fut très courroucé en coeur contre son frere, doutant que par telles divisions les alliances ne fussent du tout corrompues et annichillées, MONSTREL. II, ch. 23.• L'evesque anichila le mariage de la cordouanniere au barbier, LOUIS XI Nouv. LXVII.XVIe s.• Aucuns ne peuvent porter que la vertu de l'homme soit destruite et annichilée, pour edifier en lui celle de Dieu, CALV. Instit. 180.• Il nous faut amener la vraye definition : laquelle, quand elle sera approuvée par bons tesmoignages, elle annichillera facilement les autres, CALV. ib. 480.• Palais dont la superbe structure annihiloit la gloire des pyramides du Caire, YVER p. 522.• Iceux articles ne sont recevables pour ce qu'ils annichilent l'autorité des conciles, SLEIDAN p. 27.• Ariere donc, royne Pantasilée, Maintenant est ta gloire anichilée, MAROT II, 308.Bas-lat. annihilare, de ad, à, et de nihil, rien ; nihil est composé de ni pour ne (voy. ne), et de hilum, le hile de la fève (voy. hile).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREANNIHILER. - HIST.XVIe s. Ajoutez :• De nichil [forme barbare] nous avons le mot françois annichiler ; au lieu duquel si nous voulions dire maintenant annihiler, Dieu sait comme on crieroit après nous, JACQUES PELLETIER dans LIVET, Gram. franç. p. 170.On voit ce que peut la force de l'habitude dans le langage ; aujourd'hui on ne crierait pas moins si quelqu'un, inversement, disait annichiler.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.