- escarpin
- (é-skar-pin) s. m.1° Soulier léger qui laisse le cou de pied découvert, et qui est à semelle simple, excepté au talon où il y a deux épaisseurs.Fig. et familièrement. Jouer de l'escarpin, s'enfuir.Par plaisanterie. Escarpins de Limoges, des sabots, parce que les paysans limousins portent tous des sabots.L'escarpin, étant une chaussure élégante, se dit pour aristocratie, richesse.• Au vrai bonheur puisqu'il mène, Le sabot vaut bien l'escarpin, BÉRANG. Turlupin..2° S. m. plur. Terme de tanneur. Souliers pour fouler les peaux.3° Sorte de torture qui consistait dans le serrement des pieds. On lui a mis les escarpins.XIIe s.• Toute dolente hors de la chambre esi [sortit], Desafublée, chaussée en eschapins, Garin, dans DU CANGE, scarpus.XVe s.• Aller sans chausses en eschappin, Tous les matins, quand il se lieve, Au trou de la pomme de pin, VILLON Test. rondeau..XVIe s.• Et lors, tout estant desgarni, se presente l'assaut ; ceux de dedans descouverts jusques à l'escarpin, D'AUB. Hist. III, 30.• L'on luy donna les escarpins avec le feu, que l'on dit estre l'un des plus cruelz torments qui se peut appliquer sur l'homme, CONDÉ Mémoires, p. 588.• J'ay cette aultre pire coustume, que, si j'ai un escarpin de travers, je laisse encores de travers et ma chemise et ma cappe : je desdaigne de m'amender à demy, MONT. IV, 67.Picard, escrepin ; espagn. escarpin ; ital. scarpa et scappino ; bas-lat. scarpus. Mot difficile. Muratori le tire du latin carpisculus, sorte de chaussure ; mais carpisculus aurait donné escarpille, et il manque un intermédiaire pour rendre sûre cette étymologie. Diez ne voit dans l'italien scarpa, chaussure, qu'un même mot avec scarpa, escarpe, et venant, comme lui, de l'allemand scharf, aigu, c'est-à-dire ce qui se termine en pointe. Il faut remarquer, ce qui est singulier, que, dans une des formes italiennes et françaises scappino, eschapin, l'r a disparu.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREESCARPIN. - ÉTYM. Ajoutez : M. Devic, Dict. étym., fait remarquer l'analogie de ce mot avec l'arabe askaf, cordonnier (voy. escafe au Supplément), et demande si l'arabe ne devrait pas être pris en considération. Mais la forme ancienne du mot est eschapin, l'r y est épenthétique, et il faut le rapprocher plutôt de escape et de escafignon (voy. ces mots au Supplément) que de l'arabe.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.