envenimer

envenimer
(an-ve-ni-mé) v. a.
   Infecter de venin. Certains sauvages enveniment leurs flèches.
   Peu usité en ce sens propre. On dit plutôt empoisonner.
   Donner un caractère malin à une plaie. Il a envenimé sa plaie en la grattant.
   Par extension. Cette herbe m'a envenimé la bouche.
   Fig. Donner un caractère odieux. Envenimer un fait, un récit.
   Ils venaient d'envenimer la sainteté de ses paroles, MASS. Carême, Médisance..
   Ne vous est-il jamais arrivé qu'on ait envenimé vos discours les plus innocents ?, MASS. Carême, Pardon..
   C'est là-dessus que Zozime fonde le récit si propre à envenimer les motifs de la conversion de Constantin, MONTESQ. Esp. XXIV, 13.
   Inspirer des sentiments d'aigreur, de haine, comparés à un venin. Envenimer l'esprit de quelqu'un. Il l'a envenimé contre moi.
   Point de colère qui l'emporte [le chrétien], point de ressentiment qui l'envenime, point de plaisir qui le tente, BOURD. Pensées, t. 1, p. 365.
   En un sens analogue, rendre plus cuisant, plus vif, en parlant de sentiments, de querelles, etc. Envenimer une querelle.
   .... N'envenime point le cuisant souvenir, Que le commandement devrait m'appartenir, CORN. Sertor. I, 1.
   Des deux princes d'ailleurs la haine est trop puissante .... Moi-même je saurai si bien l'envenimer, RAC. Théb. II, 6.
   S'envenimer, v. réfl. Devenir envenimé.
   La plaie qui s'envenimait dans leur coeur, FÉN. Tél. VII.
   Être tourné par la malveillance en un mauvais sens.
   Et puis le monde est plein d'échos ; tout se répète, tout s'envenime, IMBERT Jaloux sans amour, II, 7.
   XIIe s.
   Et peires [père] fu de la menzonge, quant il l'envelimeie semence de sa falseteit gittoit en l'omme, ST BERN. P. 523.
   XIIIe s.
   Car cis qui sor soi la portoit [la pierre], Nesuns [aucuns] venins ne redotoit ; Nus nel pooit envenimer, la Rose, 1079.
   Laquele nate sur quoy il sot [sut] que le soudanc s'asseoit tous les jours, il l'envenima, JOINV. 213.
   XIVe s.
   Bestes qui sont envenimées, si comme chien enragié, H. DE MONDEVILLE f° 80 bis, verso.
   Le pechié envenime et art le cuer de l'envieux, Ménagier, I, 3.
   XVe s.
   Cil Vautre.... mauvais garçon et envenimé estoit, FROISS. II, II, 107.
   Ne s'en put mie garder jadis Hercules le fort, quant il vestit la chemise envenimée dont il ne se donnoit de garde, Boucic. I, 23.
   XVIe s.
   Car quant l'honneur de nous envenimez [souillez], Vous offensez Dieu, la loy et nature, J. MAROT V, 285.
   Son coeur est tant envenimé de peché, qu'il ne peut produire que toute perversité, CALV. Inst. 248.
   Aucunes fleches sont envenimées, les autres non, PARÉ IX, 18.
   Et ce qu'il parloit peu, et qu'il s'en alloit triste, morne et pensif, monstroit plustost un courage envenimé au dedans, que non pas humilié par son bannissement, AMYOT Marius, 76.
   Je n'ose envenimer ma langue à .l a satyre, RONS. 668.
   Berry et norm. envelimer ; bourguig. envairimé ; picard, invrimé ; provenç. enverinar, everinar, esverenar ; ital. invenelire, courroucer ; du lat. in, en, et venenum (voy. venin).

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • envenimer — [ ɑ̃v(ə)nime ] v. tr. <conjug. : 1> • 1119; de en et venin 1 ♦ Vx Imprégner de venin. ⇒ empoisonner. Envenimer une pointe de flèche. 2 ♦ (1400) Infecter (une blessure), la rendre plus difficilement curable. ⇒ enflammer, infecter, irriter.… …   Encyclopédie Universelle

  • envenimer — ENVENIMER. verbe a. Infecter de venin, communiquer une qualité venimeuse. On prétend que les crapauds enveniment les herbes en y répandant la bave. f♛/b] On dit aussi, qu Une herbe a envenimé la bouche, pour dire, qu Elle y a causé des élevures.… …   Dictionnaire de l'Académie Française 1798

  • envenimer — Envenimer, Quasi Inuenenare. Envenimer le boire d aucun, Pocula veneno inficere. Quand les choses s enveniment et s empirent, Tumor rerum. Don envenimé, Illitum veneno donum, vel venenatum …   Thresor de la langue françoyse

  • ENVENIMER — v. tr. Infecter de venin. La peau de certains batraciens sécrète un poison qui peut envenimer les herbes sur lesquelles ils séjournent. Fig., Envenimer un discours, un fait, le récit d’un fait, Les rapporter d’une manière perfide. On dit de même… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

  • envenimer — I. ENVENIMER. Voy VENIN. II. Envenimer. v. act. Infecter par quelque chose de venimeux. Cette herbe luy a envenimé la bouche. il a mangé du pain où une souris avoit passé, qui luy a envenimé la bouche. On dit, Envenimer une playe, pour dire, La… …   Dictionnaire de l'Académie française

  • ENVENIMER — v. a. Infecter de venin, communiquer une qualité venimeuse. Il y a des reptiles qui enveniment les herbes dans lesquelles ils séjournent.   Par analogie, Envenimer la bouche, Y causer des élevures. Cette herbe m a envenimé la bouche. Fig.,… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • envenimer — vt. ; aigrir (une discussion) ; attiser (des querelles) : êvnimâ …   Dictionnaire Français-Savoyard

  • s'envenimer — ● s envenimer verbe pronominal être envenimé verbe passif En parlant d une blessure, être gagnée par l infection. En parlant de relations humaines, devenir tendues, difficiles, aigries : Le conflit s envenime …   Encyclopédie Universelle

  • envenimement — [ ɑ̃v(ə)nimmɑ̃ ] n. m. • XIIIe; de envenimer 1 ♦ Action d envenimer; son résultat. L envenimement d une plaie. 2 ♦ Empoisonnement général dû à la morsure ou à la piqûre d une bête venimeuse (on dit aussi ENVENIMATION, 1897). ● envenimement …   Encyclopédie Universelle

  • attiser — [ atize ] v. tr. <conjug. : 1> • 1209; lat. pop. °attitiare, de titio « tison » 1 ♦ Aviver, ranimer (un feu). Il « remit une bûche dans le feu, puis la souleva avec des pincettes pour attiser la flamme » (Maurois). 2 ♦ Fig. Rendre plus vif …   Encyclopédie Universelle

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