- entêté
- entêté, ée(an-tê-té, tée) part. passé.1° À la tête de qui quelque influence s'est portée. Entêté par des fleurs très odoriférantes, par la vapeur du charbon.• Une espèce de petit temple qu'il avait décoré de toiles d'opéra, et qui ce jour-là était orné de tant de guirlandes de roses que nous en étions entêtés, MARMONTEL Mém. VI.2° Dont la tête, le coeur, les sentiments sont prévenus, préoccupés en faveur de quelqu'un.• Mais il est devenu comme un homme hébété, Depuis que de Tartuffe on le voit entêté, MOL. Tart. I, 2.• Savez-vous bien que je suis plus entêtée de vous que jamais ?, SÉV. 105.• Testu est entêté de Mme de Coulanges, SÉV. 168.• Je chéris l'Arioste et j'estime le Tasse, Plein de Machiavel, entêté de Bocace, J'en parle si souvent qu'on en est étourdi, LA FONT. Poésies mêlées, LXX..• Cambyse.... prince entêté de lui-même, plein de vanité et de hauteur, livré aux excès les plus honteux de la crapule et de la débauche, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. II, p. 472, dans POUGENS.Il se dit aussi des choses en faveur desquelles on est prévenu.• Je suis toujours un peu entêtée de mes lectures, SÉV. 89.• Il a été entêté de vous faire voir sa maison, SÉV. 414.• S'il n'était point entêté des erreurs qu'il cherche dans les Pères, BOSSUET Avert. 6.• La fréquentation d'une parente entêtée des vanités et des folies du siècle, FLÉCH. Panég. II, p. 248.• C'est la veuve d'un riche et fameux architecte, une femme entêtée de noblesse, LESAGE Diable boit. ch. 10.• Le peuple prévenu est entêté de ces visions, VERTOT Rév. rom. II, p. 205.• L'on n'en est pas moins entêté de la parure, de la fortune, des amusements, MASS. Car. Vérit. culte..• Un homme entêté de l'élévation et de la fortune, MASS. Car. Évid. de la loi..• Henri IV, né dans cette secte qu'il aimait sans être entêté d'aucune, VOLT. Louis XIV, 36.• Homme plus entêté d'avoir le chapeau de cardinal que de soutenir une bulle, VOLT. ib. 37.• Outre qu'une grande partie des gens de la campagne étaient encore idolâtres et entêtés d'une religion grossière comme eux-mêmes, MONTESQ. Rom. XX..• Je vois un jeune homme entêté de chimères à qui tout déplaît, CHATEAUBR. René, 217.3° Absolument. Qui tient à ses volontés, à ses idées, sans en démordre. Un vieillard, un enfant entêté.Substantivement. C'est un entêté, une entêtée.ENTÊTÉ, TÊTU. On est entêté quand on s'est mis quelque chose dans la tête, quand on s'est entêté de quelque chose. On est têtu, quand naturellement, et sans avoir été entêté de quelque chose, on tient à ses volontés, à ses idées. Mais, dans l'usage, entêté se rapproche tellement de têtu, qu'ils se confondent l'un et l'autre.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREENTÊTÉ. Ajoutez :4° Entêté que..., ayant dans la tête que....• La Mère Angélique de Saint-Jean était entêtée qu'elles ne devaient signer en aucune sorte, RAC. Lexique, éd. P. Mesnard.• Entêtés systématiquement que leur ancienneté les dispensait de l'observation des ordonnances et des règlements, DE MONTAIGLON Hist. de l'Acad. de peinture (Mém. attribués à H. Testelin), t. I, p. 149.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.