- entériner
- (an-té-ri-né) v. a.Ratifier juridiquement un acte pour le rendre valable. L'arrêt qui entérine une requête.• Entériner des lettres de rémission, PATRU Plaid. 5, dans RICHELET.Absolument.• Si le parlement entérine sans le roi, ou s'il refuse d'entériner sur l'ordre du roi, ce n'est plus le parlement du roi, mais un corps révolté, PASC. Pensées sur le pape et l'Égl. 16.Fig.• Ma prière parvint aux temples étoilés, Parut devant sa face [de Dieu], et fut entérinée D'un mot qui fit trembler les citoyens ailés, LA FONT. t. VI, p. 47, éd. Walckenaër..• Ce saint pontife [Jésus-Christ] par qui toutes les grâces sont entérinées, BOSSUET Asc. 3.Vaugelas avertit contre la mauvaise prononciation intériner ; elle avait prévalu dans le XVIe siècle, qui, par affectation de latinité, a changé plus d'une fois les formes vraiment françaises.XIIIe s.• Li procureres doit enteriner à le [la] partie ce qu'il li convenancha ou autant vaillant, BEAUMANOIR 86.• Et ce que li tesmoing tesmoigneroient, le mestre le devroit faire tenir et enteriner, Liv. des mét. 198.XIVe s.• Les choses devant dites tenir et enterigner et loyaument garder en bonne foi, Acte de 1302, DELISLE Agric. normande au moyen âge, p. 146.XVIe s.• Tu me feras joye et liesse ouïr, Me revelant ma grace interinée : Lors sentiray croistre et se rejouïr Mes os, ma force, et vertu declinée, MAROT IV, 295.• Fu la demande desdit advocat et procureur interinée, selon la forme et teneur, M. DU BELLAY 435.Anc. franç. enterin, qui avait donné l'adverbe enterinement, et dont le sens et l'étymologie sont les mêmes que pour entier : forme latine fictive intergrinus, de integer, entier. Entériner signifie donc, proprement, rendre entier, complet. Vaugelas le tire de l'intérim accordé par Charles Quint aux protestants ; mais, le mot existant dès le XIIIe siècle, cette étymologie n'a aucune valeur.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.