- enticher
- (an-ti-ché) v. a.1° Commencer à gâter, à corrompre. En ce sens il n'est usité qu'au participe passé.2° Terme de couture. En posant des patrons sur une étoffe pour la tailler, on entiche quand un des patrons prend un petit coin de l'étoffe de celui qui est posé à côté ; c'est empiéter, avec l'idée d'épargner, sur ce qui est destiné à une autre pièce nécessaire au tout.3° Fig. Gâter par quelque chose de faux ou de moralement mauvais. Qui vous a entiché de cette opinion ?4° S'enticher, v. réfl. Devenir entiché. Il s'était entiché de ce vice.S'éprendre d'une personne. Il s'enticha d'une comédienne et il l'épousa.XIIIe s.• Elles se souillent en l'ordure De leçherie et de luxure Et des autres vilains pechiés Dont tout li mons [monde] est entichiés, Hist. litt. de la Fr. t. XVIII, p. 793.• Et qui d'orgoil est entichiés, Il ne puet [peut] son cuer aploier [plier], la Rose, 2138.XVe s.• Item doivent enquerir ceuix de l'ost, quelles condicions a le prince de l'ost, et le prendre.... par la condicion dont ilz le sentent entechiez, CHRIST. DE PISAN Charles V, II, 33.Diez et Scheler le tirent de l'allem. anstecken, infecter d'une contagion ; mais on ne conçoit pas comment l's aurait disparu. La forme propre est entecher, composé de en 1, et de l'ancien français teche, qui est le même que tache ; entecher ou enticher est donc identique à entacher. Il ne faut pas confondre entecher, enticher, avec l'ancien verbe enticier, exciter, enticement, instigation.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.